On y va tout droit

La nature n’est pas cynique. Ou peu. L’homme si. Beaucoup.

Au fur à mesure de ses romans, Pascal Dessaint enfonce le clou. Du poing s’il le faut.

Cassandre dans la nuit, il hurle en silence, le jour se lève sur le même constat : l’homme détruit son environnement en toute conscience.

« Tu en as qui caressent les chevaux, d’autres qui montent dessus, et ceux qui vident les écuries. »

Les Landes. Une terre de pins, d’iode et de terre mouillée.

« La cordulie fera obstacle. »

Pépé aime les libellules. Celles, les fauves, qui peuplent un territoire dans lequel un groupe industriel veut installer une zone de stockage de matières dangereuses. Alors, évidemment, cela devient une ZAD.

« Rien ne dépend réellement de moi. »

Boris est un expert, rendant des verdicts plutôt plus que moins encourageants pour des grands groupes industriels fomenteurs de projets économiques controversés dans des territoires plutôt plus que moins sauvages.

« L’homme s’est vraiment tout permis. »

Près d’Hossegor, Raphaël a construit une villa futuriste à même la dune, une sorte de verrue sur le littoral. Alexis part à sa rencontre car son ami a besoin d’aide. Une aide particulière.

« Ça aurait pu être un animal. »

Lui, on ne sait pas d’où il vient. On ne sait pas où il va. Il migre. Du moins tant que personne ne l’en empêche…

« Maintenant, le ciel s’est obscurci. »

La tempête couve. Le vent se lève. Dans tous les sens.

« Peut-on passer le temps en attendant le diable ? »

Le jeu de cartes distribué, il faut bien jouer la partie. Tout cela va mal finir.

Pascal Dessaint a le talent de cerner notre âme, dans ses moindres recoins, il sait ciseler nos reniements, écarteler nos contradictions, mettre le doigt sur la blessure mais aussi panser la cicatrice et faire lever nos poings, nos yeux et, qui sait, bientôt notre tête, pour voir ce que l’avenir nous réserve si nous y allons tout droit.

Ni pessimiste, ni optimiste, Un homme doit mourir est un livre d’actualité, un morceau de réel grimé en fiction, une aventure moderne déjà ancienne, un combat mené et à mener. Un message de désespoir animé d’une étincelle raisonnable : Et si on y croyait ?

Servi par une écriture sensuelle, directe et saignante, il se promène sur Terre comme dans nos cœurs : il trace un sillon. Ce n’est qu’une sente, un chemin caillouteux mais il serpente à travers la nature et nos sentiments : il ne tient qu’à nous de le suivre, voire d’en créer un autre loin des autoroutes de l’écriture, du bonheur matériel et de la vitesse.

Pascal Dessaint, Un homme doit mourir, Rivages Thriller, Août 2017, 236 pages, 19€50

François Braud

 

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2 réflexions sur “On y va tout droit

  1. Pingback: Contre dictionnaire amoureux du polar / Lettre D (1ère partie) | bro blog black

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