Astro Aspro Bélier 2023

Astro Aspro est l’horoscope officiel de broblogblack. Il est naturellement confié à une vieille amie pythie-astrologue numérologue-cartomancienne, voyante-sémiologue, augure-toutologue, autrefois devine chez Shanghai Express et oracle chez Noir comme Polar, c’est vous dire si elle a des références et que bbb est fier de la compter parmi lui. Chaque mois, elle viendra délivrer la bonne parole pour que votre futur soit enfin ce qu’il devrait être : clair comme de l’eau de charbon. Ses prédictions de lectures toucheront les hommes, les femmes, les jeunes et toutes les autres catégories de notre population lectorale. Vous saurez désormais ce que vous allez lire. FB

(illustration de Shanghai Express)

Les proverbes du mois

« Le bélier porte des cornes comme sa mère. »

« À mars poudreux, avril pluvieux.« 



Ce mois-ci, le signe qui enfonce des portes ouvertes, c’est

Bélier

signe de flamme, du 21 (en avant) mars au 20 avril (vers le grésil)

Pour vous, les pères

Mon père, ce héros / « Teshuo Tosu, 47 ans, je suis commercial chez un fabricant des jouets. » (page 5, tome 1)

Vous avez toujours rêvé d’être ce héros au sourire carnassier, à la répartie cinglante, maître yoko du fatal kombat, 11ème dan. Mais voilà, vous n’êtes qu’un pauvre type qui aimerait avoir l’air mais qu’a pas l’air du tout et qui s’encanaille avec la racaille en lisant des romans policiers. Alors, l’aventure, si elle frappe chez vous, c’est qu’elle s’est trompée de pallier. Pas de panique. Rien n’est perdu. La chance pourrait tourner. Vous aussi, vous pouvez, au village, aussi, avoir de beaux assassinats.

À l’image de Teshuo Tosu dans le manga My home hero qui découvre que le petit ami de sa fille la prend pour un punching ball. Il s’en mêle tellement qu’il le tue dans l’appartement de sa fille après avoir découvert que c’était un yakusa. La voilà la grande aventure. Le voilà plongé dans un vrai roman policier. Il va devoir lutter contre les yakusas qui, en général n’apprécient que moyennement qu’on supprime un de leurs membres à moins qu’il ne réussisse à faire disparaître le corps sans que personne ne s’en aperçoive. À peine criminel, le voilà devenu nettoyeur (il y a du Walter White en lui mais on pressent le Heisenberg). Et suspect aux yeux du gang qui le surveille comme le lait sur le feu. « C’est implacable » affirme Chattam. C’est surtout effroyable. Faudrait pas être père…

Si dans un premier temps, le frisson de l’aventure vous pigmentera l’échine, très vite vous comprendrez le principe de réalité quand, en sortant les poubelles, un homme, capuche sur la tête vous demandera si vous n’avez pas besoin d’aide en vous tendant la main droite paume ouverte, avec une phalange coupée sur laquelle la langue d’un magnifique dragon en or s’enroule, son corps se lovant sur le bras jusque sous la manche de sa chemise blanche immaculée. Vous rentrerez vite chez vous commencer le deuxième tome en affirmant à votre moitié que les poubelles, c’est la semaine prochaine en fait.

My home hero, tome 1, de Yamakawa (scénario) et Asaki (Dessin), traduit par Fabien Nabhan, lettrage d’Aka, Éditions Kurokawa, 187 pages, 2019, 7€65 (16 tomes sont parus à ce jour, 20 sont prévus)

Pour vous, les pères (bis)

Ma fille, cette inconnue / « Envoie des photos récentes de Maude aussi. Je ne sais même pas si je pourrais la reconnaître. » (page 18)

Cette gamine qui venait autrefois sur vos genoux pour vous déclarer qu’elle vous aimait grand comme ça vous enverra chier si vous avez l’audace d’entrer dans sa chambre sans frapper, merde et la vie privée quoi ?, pour lui dire que le repas est prêt, son crop top est sec et repassé et que vous êtes désolé de lui payer son argent de poche en retard à cause d’un virement qui a buggé aussi l’avez-vous doublé pour vous faire pardonner. Ben oui, c’est une adolescente maintenant à 26 ans. Pff, les enfants sont ingrats. L’idéal serait de les congeler vers 11-12 ans pour les ressortir pour ses vieux jours ; ils remplaceraient les petits-enfants qu’on n’aurait pas eus (on en peut plus compter sur la jeunesse aujourd’hui), ou de leur claquer leur beignet quand ils l’ouvrent mais pour ça il faudrait pouvoir (on ne peut plus rien faire non plus) ou de leur expliquer le respect, l’autorité, l’émancipation et qu’il est temps de se sortir les doigts du cul (et on ne peut plus rien dire).

Vous vous consolerez en disant que ce pourrait être pire. Vous pourriez ne pas avoir d’enfant ou plus. Voire perdre une fille et la retrouver le jour où on vous demande d’enquêter sur sa disparition. C’est ce qui arrivé à Raphaël Chauvet, violoncelliste solo à l’opéra de Lyon. Sa fille Maude, que sa mère lui a ravie depuis 11 ans quand elle en avait à peu près 12, ne donne plus signe de vie depuis les îles Féroé alors qu’elle est partie défendre les baleines massacrées par ces rustres d’habitants d’une île même pas reconnue par l’ONU comme une nation indépendante. Son ex-femme lui demande de la retrouver. Il embarque et débarque dans les îles où brument les brouillards noirs, où la pluie se marie au fog et le froid s’unit au froid. Et pas grand-monde ne va l’aider.

Vous aurez tort de prendre ce récit pour un thriller et vous serez déçu par un suspense poussif et des indices décrédibilisants. En revanche – vous aurez appris qu’il ne fait pas dire par contre – vous serez ravis de plonger dans ce roman noir dans lequel la quête du père est une enquête vouée à la redécouverte du mythe de Sisyphe. « Il faut imaginer Sisyphe heureux. » Il aura du mal. Vous aussi. Patrice Gain sera un auteur que vous marquerez d’une croix noire signifiant y revenir*.

* comme bbb très bientôt…

Patrice Gain, Les Brouillards noirs, Albin Michel, 2023, 245 pages, 19€90

Pour vous, les femmes

Hibernatus / « Maman, y a mamie qui prend toute la place dans le congélo »

« Ils font la longueur qu’ils doivent ». C’est ce que répond Marc Villard quand on lui demande pourquoi il écrit des textes aussi courts. Pas étonnant de le retrouver à la tête de Polaroïd, la collection de novellas de In8. L’équipe s’étoffe et on découvre de nouvelles pépites mais, de temps en temps, il est bon de se retourner sur des textes anciens pour éviter que la date de péremption ne fasse pourrir toute notre bibliothèque.

Ça tombe bien, vous aurez envie de lire un livre. Vous hésiterez entre le dernier McCarthy, Le Passager (Éditions de l’Olivier, 544 pages) ou le prochain Ellis, Les Éclats (Laffont, 602 pages). Vous choisirez Le Congélateur de Pascale Dietrich (In8, 77 pages) qui offre quatre nouvelles (quatre ! Devant la machine à café vous pourrez vous vanter un peu…) : Vend Peugeot 306, Le Congélateur, Jean-Pierre et Maman !!!. Vous apprendrez qu’une voiture peut avoir la saveur d’une madeleine, un congélateur être une arme redoutable, Jean-Pierre un prénom mortel et Maman un produit Findus comme un autre. Rafraichissant, drôle, terrible et percutant. Tout le talent contenu dans une narration n’ayant l’air de rien mais ce rien c’est quelque chose !

Vous épaterez vos collègues à part Jean-Pierre de la compta qui vous battera froid et ne vous raccompagnera plus avec sa voiture d’antan. Vous vous vengerez en ne déposant rien dans la caisse pour le décès de sa maman et moins encore quand il partira à la retraite.

Le Congélateur, Pascale Dietrich, In8, 77 pages, 2014, 12€

Pascale Dietrich est sur bbb, et dévoilera ses ZAD, très bientôt…

Pour vous, les ama-teurstrices de ccc

Il manque pas un p ? / « Hamperl appuya fortement sur le drap couvrant toujours le ventre de Küttner, de sorte que le cadavre péta bruyamment. » (page 269)

Vous serez seul.e en ce début de printemps, on vous larguera à l’aide d’un post-it jaune fluo collé sur le Cluedo que vous étiez en train de gagner la veille, vous le saurez car vous jetterez un coup d’œil à la solution, histoire de. Vous ne comprendrez pas pourquoi. Vous aurez beau vous poser la question, pas une réponse ne sourdra de votre cerveau, ne suintera de vos synapses, ne jaillira de vos neurones. Vous vous direz que c’est quand même dingue d’avoir l’esprit mauvais joueur à un tel point de refuser de perdre devant les petits cellules grises de quelqu’un.e, à l’évidence, plus brillant.e. Vous vous consolerez en admirant votre sagacité se dérouler comme un repas en tête à tête avec des vidéos de petits chats sur Youtube, en mode peinard. Et vous ouvrirez Prague fatale mais après avoir mangé un yaourt… aux fruits. Vous ne vous refuserez rien.

Loin de la CCCP, quoique, l’Allemagne commence à s’y enfoncer en septembre 41, Bernie Gunther, attaché à Heydrich, comme un balai aux confettis, nouveau Reichsprotektor de Bohême-Moravie, va devoir trouver qui, parmi tous les « choux-fleurs » SS présents, a bien pu assassiner l’officier SS Küttner et ressortir de sa chambre, fenêtres et porte fermées, de l’intérieur, évidentlich. Un vrai Cluedo que ce Prague fatale, un crime en chambre close, un ccc pour les ama-teurstrices. Sur fond d’espionnage au cœur de l’antre d’Heydrich qui se pavanait en voiture décapotable dans la ville tchèque, d’où le titre, ce roman vous procurera la palette d’émotions propres à cette période entre la fascination du mal et sa condamnation absolue avec, pour héros, un personnage ambigu, Bernie Gunther qui a su/dû naviguer entre ses convictions, sa survie et son métier de flic… au service du pouvoir, en Allemagne dans les années 30, ça situe le challenge.

* sur lequel bbb reviendra dans son CDAP du mois d’avril.

Prague fatale, Philip Kerr, traduit par Philippe Bonnet, Le Masque, 2014, 406 pages, 22€ (en Livre de Poche, 8€20)

papier à lire en écoutant It’s wondeful de Paolo Conte

Miranda Mirette

Le manga a été prêté par Mme Pylette (merci !), le Dietrich, je m’en souviens plus, le Kerr acheté d’occasion et le Gain acheté en librairie aux Instants libres.

3 réflexions sur “Astro Aspro Bélier 2023

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