Bande-annonce, épisode 15

La position du critique debout est une zone critique mettant en avant un ou plusieurs livres de manière la plus franche possible sans souci d’y trouver, en retour, la moindre compensation si ce n’est celle que vous auriez en me disant que cela vous a donné envie de lire… ou vous aura éclairé pour ne pas le lire. La Bande-annonce, comme son nom l’indique, fait la retape d’un livre uniquement (ou presque, car il y a un narrateur off avec le caractère gras) en citant des extraits montés par le critique afin de faire son intéressant. FB

« Septembre arriverait dans quelques jours. » (page 123)

Dring ! Dring ! Dring !

Bonjour, heu… j’appelle pour la Bande-annonce, c’est encore valable ? Bon, ben heu… alors, ça m’intéresse.

C’est un roman de confession et de sang : « Finalement c’est toi, Pierre, le fils de ma sœur, toi que je ne vois jamais (…) je me suis dit que tu voudrais sans doute, malgré le chemin que tu as pris, la vie que tu mènes là-bas, à des années-lumière du hameau, indifférent à moi, à nous, les hommes périphériques, apprendre l’histoire qui, malgré toi, est l’histoire de ton sang. » (page 38),  » Et l’heure de la mort avançait, tandis qu’on marchait en essayant de ne pas faire craquer les feuilles.  » (page 159),  » J’ai tiré à bout touchant. Deux coups dans son ventre. » (page 9)

C’est un roman où la mort est au bout du fusil : « La beauté du petit matin, les reflets sur un lac, tout cela existait parce que la mort brillait au bout de nos fusils, et il ne fallait pas la semer au hasard. » (page 20),  » cette chaleur humaine que la capitale, je commence à le croire, dispense uniquement dans ses armureries. » (page 93) et on préfèrera toujours la grande à la petite mort : « … dans mon cas en tout cas (…) tirer un coup de fusil procure plus de plaisir que de tirer un coup. » (page 28) toujours décevante :  » Avec Josée, on ne pouvait avoir une conversation. Aussitôt elle se mettait à pleurer (…) Ma première fois avec elle (…) elle avait fondu en larmes quand j’avais relevé sa jupe. » (page 75),  » ses fesses sont si moches qu’on dirait qu’elles sont sales. » (page 138) à la différence de la chasse :  » Il fallait que Lucas comprenne que la chasse n’est pas liée à la mort, que c’est une discipline qui demande du temps, du courage, de la patience, l’amour de son chien, de la bête qu’on traque. C’est un art, justement parce que ça ne sert à rien. (page 99),  » Et pour être très honnête, il y avait des activités qui m’intéressaient davantage que le sexe. La chasse en faisait partie.  » (page 27),  » Faut attaquer immédiatement ! Sinon, ils vont commencer à baiser !  » (page 142)

C’est le roman de la fin du monde : « … dans ce nouveau monde où les fleurs s’ouvraient n’importe quand et où l’été commençait en hiver… » (page 21), « Aimer la nature, c’est toujours en avoir peur. Les hommes l’avaient méprisée et, après la tempête, elle nous envoyait le déluge.  » (page 166) et de la fin de mois :  » Comme ils se sont foutus de notre gueule quand on mis des gilets jaunes et qu’on a fait des grillades sur les ronds-points. » (page 35)

C’est un roman qui caviarde l’avenir : « C’est des choses qui viennent avec le temps, et les déceptions, quand tu comprends que rien n’est sérieux et qu’au fond, vite ou lentement, tu finis toujours dans le mur. » (page 23) et fait sourdre l’espoir :  » … je crois voir sa silhouette tout au bout de la route. » (page 182)

C’est un roman de l’attirance et de l’incompréhension :  » Il se coiffait devant sa glace en plein après-midi, et d’autres choses aussi bizarre. Et plus bizarre encore, mes réactions à moi : des heures, que j’aurais pu passer rien qu’à le regarder pendant qu’il se peignait, tirait sur ses boucles, qui se tendaient et se détendaient, revenaient lui friser dans le cou.  » (page 56), vers ce voisin,  » un homme nu. Jeune et nu.  » (page 24) ses  » cheveux noirs et [sa] bouche de fille  » (page 25)  » …avec ses airs de méchant garçon, ses yeux de fille, trop verts… » (page 66), un voisin  » terriblement seul. Mon goût pour la chasse se serait reflété partout. Et j’ai été frappé par l’absence de passion dont témoignait sa maison. » (page 107),  » … son regard n’était pas étrange, il était vide.  » (page 29)

C’est un roman de la répulsion et de la vengeance :  » J’ai tiré à bout touchant. Deux coups dans son ventre. » (page 180)

C’est un roman d’Elsa Marpeau, publié à la Noire (Gallimard).

Ça vaut 16€.

Y a 181 pages.

L’âme du fusil, bientôt dans votre bibliothèque !

C’était Jack NEVER, vous me tenez au courant, hein ?

papier écrit en écoutant Vers les lueurs de Dominique A

Afficher l’image source

Un auteur mort, c’est un auteur qu’on ne lit plus.

2 réflexions sur “Bande-annonce, épisode 15

  1. Pingback: Les ZAD d’Elsa Marpeau | bro blog black

  2. Pingback: Contre Dictionnaire Amoureux du Polar / Lettre M (Première partie) | bro blog black

Laisser un commentaire