Santé et satiété

« Bonne année mon cul ! »

* Pierre Desproges, humoriste écrivain, Chroniques de la haine ordinaire

L’édito est un fourre-tout dans lequel je me permets de vous donner le fond de ma pensée ou l’écume de mon humeur. S’y côtoient des annonces d’apparitions ou de disparitions, des griffes de gueule ou gifles de cœur, des informations capitales ou des avis chichiteux, des prédictions à la Cassandre et des compromissions assumées, des prises de positions radicales et des vœux d’ivrogne et tant de choses encore que j’en perds la liste… FB

Étonnant, non ? Puisque Desproges a ouvert le bal et ce, dès 1986, je peux bien m’y mettre aussi et, permettez-moi une coquetterie, celle de convoquer l’année 1970*, comme ça on pourra dire que c’est moi qui ai commencé. Je commençais à lire et depuis, je n’ai pas chômé.

* Ha oui, on savait allier l’enfance et la fête en ces temps-là. Déjà que dans mon carnet de santé, il était déconseillé de mettre un fond de vin rouge dans le biberon, non ça ne fortifiait pas madame.

Bonne année* à toutes et à tous ! Que lectures et découvertes parsèment votre année 2024 et comblent vos nuits insomniaques et vos déplacements ferroviaires !

* nous sommes le 28 janvier, on a, paraît-il, jusqu’au 31…

Le mois de janvier est le mois des résolutions : il avait commencé par le soutien au Caïman, réussi à 400% (cris de joie de crocodile), il peut continuer et déteindre sur février, voire mars, s’il passe l’hiver, en adoptant n’importe quel élément de la liste suivante :

– l’édition des dernières enquêtes de Jack Taylor de Ken Bruen (lire le CDAP) enfin traduits en français (par Jean Esch, Pierre Bondil ou Catherine Cheval et Marie Ploux, chez Gallimard, Fayard ou ailleurs) : Purgatoire, L’enfer vert, Le mensonge émeraude, Les Fantômes de Galway, Dans le silence de Galway, La Fille de Galway, Une épiphanie de Galway*.

* Désolé Jean, Pierre, Catherine, Marie, sans vous, j’ai fait ce que j’ai pu…

« Ces romans de Ken Bruen, surtout ceux où Jack Taylor combat les coudes du singe (irish ouiski), sont les seuls textes qui me font croire que je ressens le malheur qui transfigure le
roman noir. »
(Jean-Bernard Pouy, lire le papier, en entier, ici)

– la sauvegarde du patrimoine de qualité, celui de Manzoni et celui de Giovanni, paraît-il menacé par un consumérisme chichiteux et un lectorat maigrelet. Diantre, ressaisissez-vous, que diable !

– la réédition des livres de Jean-Jacques Reboux (lire le CDAP) qui fait rien qu’à nous manquer avec ses coups de gueule, ses fâcheries et sa gouaille et son esprit Bénuchot. Là aussi, se lance qui veut : Antoine de Kerversau, non ?

– Un nouveau Harry Bosch, parce que Mickaël Connelly l’a laissé mal en point et qu’on a été ému jusqu’à voir si flou qu’on pouvait à peine terminer le roman L’Étoile du désert.

– Le retour de Boccanera de Michèle Pedinielli : on veut avoir des nouvelles de Dan, de la promenade des Anglais et de la ménopause de Diou. Sans collier, la laisse invisible nous tient quand même. Allez Michèle parle nous à nouveau de « mémoire individuelle et collective, de crimes impunis et d’amours infinis. »

– Une incessante volonté de lire (car un auteur mort est un auteur qu’on ne lit plus) et relire (voire écouter, voir) ceux et celles qui nous ont quitté : Marie Vindy, Anne Perry, Guy Marchand, Henri Tachan, Jeff Beck, Martin Amis, Paul Veccialli, Cormac McCarthy, Harry Belafonte, Milan Kundera, François Hadji-Lazaro, Russell Banks… En espérant qu’ils soient moins nombreux en 2024 (l’année commence mal avec Jack O’Connell et David Soul), parce que 2023, ça suffit !

Ad libitum…

Santé et satiété !

François Braud

Papier écrit le dimanche matin, en silence, avant la messe, non je galèje, il faut être sérieux même quand on est loin de ses 17 ans…