Prendre la mer (QZB#25 / Album jeunesse)

« Qui donc s’inquiète du sort de Petit Radeau ? »

* Petit Radeau, Manech et Juliette Parachini-Deny

QZB est le code de la rubrique La QuinZaine du Blanc. Je me suis dit que dans toute publication qui met en avant la littérature, il y a toujours une petite place pour le noir. Dans BBB, désormais, il y aura une petite place pour le blanc. Ce sera donc l’occasion de plonger donc dans le grand bain blanc adulte ou de déguster et siroter un petit blanc jeune. Parce qu’au fond, le livre se fout le plus souvent des cases, des couleurs et des âges. FB

Attention, ceci n’est pas un polar ; vous allez ouvrir un album jeunesse

Petit Radeau est une coquille de noix. Il flotte heureux comme on file vers le bonheur, nonchalamment, en se pressant lentement, « sur le grand océan », « loin des autres bateaux ».

Poissons étincelants scintillent dans l’eau et l’air est brassé par un albatros qui se niche « en haut du mât de bois ».

Tout est ferme sur mer et le ciel est bien gardé.

Tout vogue.

Mais le roulis se fait rouleau, la mer se démonte et l’ombre gagne.

Tout vague.

Petit Radeau devient une feuille dans le tourbillon de la bonde du monde océanique, une sardine au milieu des baleines que sont les chalutiers, les paquebots, les porte-conteneurs.

Mais qui donc se soucie de Petit Radeau ?

Un album qui grandit celui qui le lit. On ne peut rester enfermé dans la classe en regardant les autres jouer sous prétexte qu’on a peur des grands. Aussi faut-il se prendre en main, naviguer au monde et, qui sait, peut-être qu’un grand vous tendra la main.

Une histoire simple de socialisation et d’intégration décorée de fonds d’aquarelles tourbillonnantes et de traits ronds sous des couleurs pastel qui milite pour une intégration soucieuse d’un adage lumineux : ils ne sont grands que parce que nous nous mettons à genoux.

Chute finale en mise en abyme rassurante pour comprendre qu’on a toujours son bateau en mains quand on est bien accompagné et qu’on nous les tend.

François Braud

Livre acheté (et dédicacé – pour Billie !) en libraire. Papier écrit en écoutant Les Copains d’abord de Georges Brassens.