Les calendres de l’avant 23 / 00:23 ; Pont de l’Alma

Les calendres de l’avant sont le calendrier polar de l’avent de bbb. Chaque jour, du 1er décembre au 24 décembre, bbb va vous proposer un polar dont la particularité sera d’avoir dans son titre le chiffre (voire le nombre me susurre à l’oreille Maxime, mon collègue de mathématiques très pointilleux sur ce sujet-là) du jour. Et comme c’est bientôt Noël, parfois, le lecteur la lectrice auront la possibilité de gagner… un livre !  Pour ça, c’est facile, il faudra relever Le défi du Jour et écrire à bbb. Quand vous verrez le gif d’une pile de livres qui chancèle, vous saurez que ce jour est le jour du défi et du cadeau. Il suffira de jouer, ben oui, pour gagner c’est plus pratique. Et si vous vous abonnez, non seulement vous aurez le post dès parution (pas toujours à la même heure pour brouiller les pistes) mais vous pourrez jouer « avant » les autres. Alors ? Qu’est-ce qu’on attend ? FB.

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Le chocolat du jour

23 décembre / 00:23 ; Pont de l’Alma de Eoin McNamee

Une autre histoire du septième pilier.

Pas celle de Pierre Filoche. Celle d’Eoin McNamee

Même fond historique, sans véritable surprise. C’est l’histoire d’une rencontre entre une princesse, un prince, un conducteur alcoolisé, un Fiat Uno blanche, des paparazzo et un pilier.

On connait la fin de l’histoire mais elle a fait tant de bruit qu’elle en fait encore aujourd’hui. C’est dire.

Ici, avec 00:23 ; Pont de l’Alma, les zouaves barbouzes sont nombreux à tourner autour de Spencer qui n’est jamais, sauf erreur de ma part, appelée Lady Di. Car là n’est pas vraiment le sujet. Tout tourne autour de cette poisse collante de ces personnages qui guettent une proie sans vraiment savoir pourquoi, sans trop vraiment y croire tout en se méfiant de tout le monde, des manipulations évidentes à peine évitées.

John Harper accepte (‘ »J’ai entendu dire que les temps étaient un peu durs pour les ex-flics de Belfast. J’ai entendu parler d’anciens détectives faisant des boulots de vigile sur des chantiers. », page 9) de rempiler au contact de Bennett des Services spéciaux pour surveiller deux cibles : Paul Henri et James Andanson. Le premier est le chef de la sécurité du Ritz, le second le paparazzo des paparazzi.

Il apprend alors que son ex, Grace, toujours alcoolique (« C’est l’une des choses qu’elle aimait dans l’ivresse. L’accès à tout un champ d’émotions limitées mais théâtrales. », page 43) , alors que lui a arrêté, est dans la partie. Il ne comprend pas pourquoi. Bennett le lui explique : « C’est un putain de magnétophone ambulant. », page 59 et une femme ouverte aux signes :  » [elle] avait l’impression d’être entourée par des femmes avec des anneaux à l’oreille et des ongles sales. Son adolescence avait été balayée par une tempête de prédictions. » (page 96)

Bennett, le MI5 en bandoulière mais derrière lui (« Qui sait pourquoi il en est parti, ou même s’il en est parti ? », page 81) commande mais ne dirige rien. Il dit de suivre mais est dépassé. « On a vu quelque chose (…) mais on ne sait pas ce que c’était. » (page 274)

Paul Henri qui navigue au pastis le matin dans des bars homos est contacté par Masson de la DGSE pour jeter un œil autour de lui sur les « détachés« , des anciens militaires, des anciens des renseignements : « C’est Harper, dit-il, en donnant un petit coup d’ongle sur la première photographie » (page 80) puis « Il tendit à Henri une photo de Grace, un buste » (page 82). Il accepte, surveillant alors ceux qui le surveillent tout en étant surveillé par Masson : « La main de Masson était posée sur sa mallette. Elle renfermait des relevés bancaires des seize comptes qu’Henri pensait ignorés de tout le monde, chacun contenant 200 000 francs. Masson trouverait d’où venait cet argent. Et quand il le saurait, il tiendrait Henri. » (page 83

« Andanson (…) aimait conduire sa Fiat Uno. (…) Il avait un Nikon 380 avec télé Zeiss 340 » (…) mais aussi la peur comme compagne : « la peur le suivit sur l’A7… elle entra avec lui au pied des Pyrénées… Elle reste éveillée avec lui dans un village de montagne… La peur se leva avec lui le matin… » (pages 48-49) Andanson, le paparazzo azimuthé des paparazzi, ce grand barbu suant qui porte la scoumoune (« … autour de lui les gens ont pris l’habitude de mourir. », page 57) à Claude François, Dalida, Pierre Bérégovoy et encore, je ne vous fais que les personnalités en « oua« .

Et puis il y a aussi le mystérieux Furst, qui, près de la place Vendôme, repère Belinda : « Il émanait d’elle une sensation d’instabilité politique, de troupes armées dans les rues, de musique militaire à la radio, d’ambassades évacuées. ». Il sait alors : « … sur cette même place, là ou çà a déjà eu lieu, ça recommence. » (page 15)

Un bal de frelons autour d’une belle abeille près d’un piège au sirop : « … ils savent qu’il va se passer quelque chose, mais ils ne savent ni où ni quand. » (page 106)

Uxor principas. Exit.

« – Le tunnel, dit Grace, c’est le tunnel. » (…)

« – La lumière, dit Grace. » (…)

« Il vit les feux de freinage de la Mercedes rester allumés trop longtemps pour qu’il s’agisse d’un freinage ordinaire. » (…)

« – C’est ça ? demanda-t-il d’une voix douce. C’est la lumière, Grace ? » (pages 262-263)

* * *

Et quelle écriture ! Quelle façon de mettre en avant un détail afin de faire passer une émotion : « Elle triait le courrier légèrement penchée en avant, et il put apercevoir le point de rencontre entre ses seins et la saillie de ses côtes, les ombres complexes. » (page 6), de toucher l’art de décrire une image et de la faire vive, sous nos yeux : « Les photos d’Andanson et de Paul étaient prises de loin, granuleuses. Les arrière-plans étaient flous. On aurait dit des nazis en fuite, des hommes en manches de chemise entraperçus dans des bourgades sud-américaines… » (page 7), d’accorder une personne à ce qu’elle montre : « Elle avait réussi à donner à ses mots une touche de désapprobation collet monté, qui allait bien avec la jupe en tweed et les souliers plats. » (page 103).

Un régal.

François Braud

Eoin McNamee, 00:23 ; pont de l’Alma, Série noire, Gallimard, 334 pages, 2007, 21€50

Bonus :

Vous voulez de l’authentique ? Ouvrez les Chroniques du crime – 23 histoires vraies de Michael Connelly. Pesez le tome 23 de Tout Simenon de Georges Simenon. Partez avec Les 23 jours de la ville d’Albe de Beppe Fenoglio en poche.

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Les vingt-trois jours de la ville d'Albe par Fenoglio

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