Astro Aspro Gémeaux 2024

Astro Aspro est l’horoscope officiel de broblogblack. Il est naturellement confié à une vieille amie pythie-astrologue numérologue-cartomancienne, voyante-sémiologue, augure-toutologue, autrefois devine chez Shanghai Express et oracle chez Noir comme Polar, c’est vous dire si elle a des références et que bbb est fier de la compter parmi lui. Chaque mois, elle viendra délivrer la bonne lecture pour que votre futur soit enfin ce qu’il devrait être : clair comme de l’eau de charbon. Ses prédictions toucheront les hommes, les femmes, les jeunes et toutes les autres catégories de notre population lectorale. Vous saurez désormais ce que vous allez lire. FB

(illustration de Shanghai Express)

Ce mois-ci, un signe janusien bad cop good cop qui interroge au bottin et nourrit au radiateur, c’est…

Gémeaux

…un signe qui sent l’olive et fait tousser du 22 maye au 21 joint.

Pour vous les laïcards

Hosties fourrées au pruneaux / « Les grands de ce monde ont… une destinée. Nous… on a le hasard. »

Chaque neuf décembre, vous n’y coupez pas, vous bâfrez le même menu : coquilles Saint-Jacques à la sauce bâtarde, poulet à la diable, curé nantais, religieuse au chocolat et pets de nonnes. Ça définit le contexte et affirme votre position. Seulement voilà, même si vous vous léchez les babines à bouffer du connard ou du curé, c’est pareil, le canard laqué est hors budget, on est loin du 9 décembre, loin. Miranda a une idée. Habemus bastard. Vous adorerez.

La soutane ne fait pas le curé. Mais c’est encore ce qui se fait de mieux pour passer inaperçu. Surtout quand on veut rester discret après avoir refroidi pour Jean-Pierre le fils du gitan. Alors Père Philippe s’y colle, Notre-Dame-de-l’Assomption en travaux, les cours de catéchisme, Colette qui fait le secrétariat et le ménage, son fils dealer, Éva, l’enfant de chœur, les messes, les confessions, tout ça c’est du boulot. Alors Philippe s’y met mais ne peut pas s’empêcher de jouer du fligue et de distribuer des torgnoles. Une homélie homérique, satirique et drolatique (je ne vous fais que les adjectifs en ique).

Vous claquerez l’album comme vous croassez tous les dimanches à la sortie de la messe en affirmant, péremptoire et débonnaire : ça c’est du curé ! Vous pourrez vous frotter le ventre ou la calotte. Ce n’était que le tome 1.

Habemus bastard, Sylvain Vallée, Jacky Schwartzmann, 1/2 L’être nécessaire, Dargaud, 2024, 81 pages, 19€99 (livre acheté sur les conseils de ma libraire)

Pour vous les serial lecteurs et sérail lectrices

La crème du crime / « Sans vérité, les crimes peuvent-ils s’oublier ? » (Didier Seban, préface)

Vous barrez votre porte, toujours et dormez avec une bombe au poivre. Le voisin, il a la tête de quelqu’un qui cache quelque chose et que peut-il bien faire la nuit quand on entend des coups de pioches : Un jacuzzi ? Et comme vous l’avez croisé à la CAVC achetant de la chaux vive, vous doutez.

Vous douterez d’autant plus à la lecture des 766 pages de Gilbert Thiel, Tueurs en série quand vous lirez le sous-titre Made in France. Ben oui, vous croirez vous délecter de l’étrangleur du Yorkshire, du vampire de Düsseldorf ou du cannibale de Milwaukee mais vous vous étranglerez avec Michel Lambin, le peu bucolique berger de Caussols, Jacques Rançon, le tueur de la gare de Perpignan ou Jean-Claude Bonnal, le « Chinois de Saïgon » qui sévit à Villeneuve et à Vitry. Ça vous calmera la quiche française ou attisera une vocation de flic de la criminelle.

Vous aurez aussi le droit de vous agacer à la lecture de la préface contre le Docteur Daniel Zagury, psychiatre des hôpitaux honoraire qui conclue ses mots d’un dédaigneuse formule envers la « très douteuse littérature de gare. » (p.759) Le bon médecin viserait-il ce genre que nous aimons ? Miranda vous laissera sur son doute. Écrire à la rédaction qui transmettra…

Gilbert Thiel, Tueurs en série Made in France, Robert Laffont, 2023, 766 pages, 26€90 (livre acheté en librairie)

Pour vous, celzéceux qui pensent que la campagne fleure la noisette

Mai, mai, mai, Paris mais… / « Paradis – tel un couvre-chef pour le moins cocasse affublant le village »

Le beau temps arrivant, si si, entre les hallebardes qui strient le paysage ne verrez-vous pas sourdre l’odeur de la merguez tutoyant le barbecue de braises ardentes ?, vous mettrez enfin au goût du jour votre projet d’exode urbain. La ville c’est fini, la cité dépassée. Sus à la campagne pour trouver votre petit coin de paradis… Aurez-vous bien pesé toutes les conséquences d’une telle décision ? Il serait sans doute sage avant que d’émigrer avec la foi d’un néorural de réfléchir à ne pas mettre les pieds dans le vert n’importe où : ça na sentira pas toujours la noisette le petit chemin…

Vous ouvrirez Les Jardins d’Eden comme on consulte un catalogue : voyons lire… Jip revient de loin, d’une addiction à l’alcool et d’un cancer tenace, pour atterrir chez lui, dans la maison de son enfance à Paradis avec une folle envie : celle de retrouver sa fille Annie, dite Na, dont il n’a plus de nouvelles depuis que la moitié du corps de son amie, Manuella, a été retrouvé dans le coin de la verrue de Paradis : Chaparak et sa casse de Manouches. Le journaliste et père Jip va tenter d’élucide ses deux « affaires » alors que tombe lorsqu’il arrive à Paradis une pluie diluvienne et que sa raison vacille face à ses amis d’enfance qui veulent absolument trinquer avec lui.

Le livre vous embrumera au point que vous vacillerez autant que Jip et perdrez toutes vos certitudes (ville ou campagne ?) comme fanent les amitiés enfantines et adolescentes au fil du temps. Mais vous en conclurez que quand on a des amis comme Jip, il n’est peut-être pas nécessaire d’avoir des ennemis. À méditer. Au moins, en ville, on ne connaît pas ses voisins, on peut imaginer le meilleur.

Pierre Pelot, Les Jardins d’Eden, Gallimard, Série noire, 2021, 249 pages, 18€ (version poche en Folio, 8€30), livre reçu en service de presse ; merci à Christelle Mata.

Pour vous les nostalgiques

Cité de papier / « le monde est en fragments, monsieur. Et c’est à moi que revient la tâche de recoller les morceaux. »

Miranda est triste. Paul Auster est mort. Elle pleure tant qu’elle ne peut voir dans sa boule de cristal ce que vous allez lire après ça. Elle ne peut qu’espérer que ce sera Cité de verre de Paul Auster (ou tout autre ouvrage du New-Yorkais), c’est du moins ce qu’elle a fait, elle, relire le premier tome de la Trilogie new-yorkaise et ça lui a fait du bien car, au fond, qu’attend-on finalement d’un livre ? « c’est finalement tout ce qu’on veut d’un livre – être diverti. » Puissent ceux et celles qui vont suivre aient cette modestie-là, n’avoir la prétention que de divertir, c’est déjà tant.

Paul Auster, La Trilogie new-yorkaise (Cité de verre, Revenants, La Chambre dérobée, traduits par Pierre Furlan), Actes sud, Babel n°32, 2017, 444 pages, 10€20 (livre acheté il y a longtemps, j’ai la version de 1991)

Miranda Mirette

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