Cinq cinglés et un cadavre

« Un très grand moment de lecture »*

* blurbe le bandeau de Dennis Lehane

Dans le rétro se propose de regarder un peu en arrière car tout va trop vite et l’actualité couchant avec l’immédiateté, très vite, tout devient caduque. Le livre est périssable et certains aimerait voir sa date de péremption égaler trois mois (ce qui est le cas, paraît-il, en librairie). Sur BBB, que nenni morbleu. L’avenir appartient au passé toujours présent en nous comme celles qui nous ont quittés (Mo Hayder, Anne Perry) et ceux qui sont morts (Jean-Jacques Reboux, O’Connell). Dans le rétro puisera donc dans CaïnShanghai Express, Noir comme polar, 813 ou Émancipation (dans lesquels le critique qui joue du clavier aujourd’hui était/est un membre de l’orchestre) un peu d’eau pour nous rafraîchir en ces temps subsahariens. FB

1000 signes, espaces compris mais titre et signature exclus

Dans le Maine mais ce pourrait être ailleurs, enfin, ailleurs, mais aux Etats-Unis d’Amérique forcément. De tout temps, la CIA a su former des agents redoutables mais a toujours un peu de mal à les recycler. Surtout lorsqu’ils ont le citron givré. On les colle alors dans un hôpital qui ressemble comme deux comprimés neuroleptiques à une prison. Voilà, et on croit l’affaire bouclée. Mais vlatipa que le psy des allumés joue au cadavre. Les cinq ex-agents paranos voient l’agence derrière ce crime, ils s’évadent et leur course folle est rythmée par les médicaments qui s’épuisent. Ce qui n’est pas le cas du lecteur qui jubile au fils des pages derrières ces Mad dogs, ces chiens enragés que James Grady dépeint avec réalisme dans ce roman publié chez Rivages Thriller dans leur perception déformée par le manque et leur souffle à aller jusqu’au bout, pied au plancher. L’Amérique, le pays sans nom, n’a décidément pas fini de s’ausculter le nombril et, à force de creuser profond, ça sent pas bon.

François Braud

Mad dogs, James Grady (traduit par Jean Esch), Rivages/Thriller, 2009, 350 pages, 21€50 (livre reçu en service de presse). Le livre est aujourd’hui en Rivages/Noir, n°895 (2013, 442 pages, 9€65).

Papier paru sur le site de Clémentine Thiébaut, Noir comme polar (en 2011).

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