Les calendres de l’avant 22 / Un été 22

Les calendres de l’avant sont le calendrier polar de l’avent de bbb. Chaque jour, du 1er décembre au 24 décembre, bbb va vous proposer un polar dont la particularité sera d’avoir dans son titre le chiffre (voire le nombre me susurre à l’oreille Maxime, mon collègue de mathématiques très pointilleux sur ce sujet-là) du jour. Et comme c’est bientôt Noël, parfois, le lecteur la lectrice auront la possibilité de gagner… un livre !  Pour ça, c’est facile, il faudra relever Le défi du Jour et écrire à bbb. Quand vous verrez le gif d’une pile de livres qui chancèle, vous saurez que ce jour est le jour du défi et du cadeau. Il suffira de jouer, ben oui, pour gagner c’est plus pratique. Et si vous vous abonnez, non seulement vous aurez le post dès parution (pas toujours à la même heure pour brouiller les pistes) mais vous pourrez jouer « avant » les autres. Alors ? Qu’est-ce qu’on attend ? FB.

Le chocolat du jour

22 décembre / Un été 22 de Tito Topin

C’était bien. Chaque été on achetait Le Monde pour se rendre intéressant, voire intelligent, et dans les pages intérieures se cachait non pas Playboy mais un petit polar d’un grand nom de ce genre que nous aimons. Cette année-là (1962, chantée par Claude François qui l’a enregistrée en 1976 mais ce n’est pas de cette année-là dont on parle ici), c’est l’année 2012, la gauche était au pouv… ha, non, on me dit dans l’oreillette que ce n’était pas vraiment la gauche. Au temps pour moi. Pouf pouf. Je reprends.

En 2012, Le Monde publiait 13 nouvelles/novelas inédites de 13 auteur.e.s : Daeninckx, JB Pouy, Villard, Sylvain, Ferey, Schwartzbrod, Pelletier, Thilliez, Quint, Malte, Granotier et Pelot. Le n°10 était attribué à Tito Topin, taulier de la série noire et télévisée Navarro (d’Hanin ou navarin d’agneau disait Pouy).

L’été 22. Cette année-là (air connu), Percy Bysshe Shelley, l’immense poète, est mort par noyade. Sa descendante (une escort-girl) avec des jambes interminables, des seins de porcelaine, le regard de Charlotte Rampling, la blondeur de Marylin et la croupe de Christina Hendricks, ne croit pas à cette version et engage un détective-généalogiste (117 euros par jour) pour faire éclater la vérité. Il accepte en croisant les jambes pour cacher son émotion.

Le Shelley se trouve être un agitateur qui n’a pas de religion, un dragueur qu’aime bin outre le bordel dans les bonnes familles, un factieux qui veut remodeler le visage du monde (…) une sorte de Cohn-Bendit à la mords-moi l’élastique.

Devenu père parce qu’utilisant des préservatifs tricotés en laine écrue, il abandonne Harriet Shelley car l’aventure le démangeait côté braguette et embobine Mary et Claire qui tomberont enceintes en même temps. L’épouse trahie est internée dans un hôpital psychiatrique. Échappant à la vigilance de ses gardiens, elle se jette dans un lac glacé de Hyde Park sans retirer sa camisole de force. Son crawl s’en ressent, elle coule à pic. Le père de Mary tente de convaincre sa fille de l’erreur qu’elle commet quand il chute maladroitement de son cheval. Mary hérite de toute sa fortune. L’immense poète aurait-il buté son beau-père pour hériter ? En voilà une nouvelle piste…

Enquêter ne fait pas du détective un homme de bois : « Ému, je la porte dans mon plumard. Elle est légère, elle a le cul rond, des seins de porcelaine, des doigts de Polonaise et connaît des trucs magiques dont je n’avais jamais entendu parler dans les ouvrages spécialisés… »

Et tout est ainsi. La suite comme le début, la fin couronnant le tout d’une pirouette fantastique.

C’est un délice. D’écriture et d’humour. De finesse et d’intelligence.

Que la télé a fait du mal au « genre que nous aimons ». Elle nous a pris les plus doués, les a accaparés, pressés alors qu’ils avaient encore à nous donner tant : Pagan évidemment, Kristy aussi, Topin enfin.

François Braud

Tito Topin, Un été 22, Les petits polars du monde, n°10, 60 pages, 2012, 2€

Bonus :

Après cette mise en bouche, qu’y a-t-il au menu ? En entrée L’énigme de la chambre 622 du chef étoilé Joël Dickers, en plat de résistance, nous avons 22/11/63 du maitre queue Stefen King et une farandole de desserts, 22 mars 2000, c’est un bon jour pour Gabriel, concoctée par un collectif de cuisiniers et de cuisinières qui préfèrent rester anonymes.