Astro Aspro Cancer 2023

Astro Aspro est l’horoscope officiel de broblogblack. Il est naturellement confié à une vieille amie pythie-astrologue numérologue-cartomancienne, voyante-sémiologue, augure-toutologue, autrefois devine chez Shanghai Express et oracle chez Noir comme Polar, c’est vous dire si elle a des références et que bbb est fier de la compter parmi lui. Chaque mois, elle viendra délivrer la bonne parole pour que votre futur soit enfin ce qu’il devrait être : clair comme de l’eau de charbon. Ses prédictions de lectures toucheront les hommes, les femmes, les jeunes et toutes les autres catégories de notre population lectorale. Vous saurez désormais ce que vous allez lire. FB

(illustration de Shanghai Express)

La citation du mois

« Moi, j’ai pas de cancer, j’en n’aurai jamais, je suis contre. » (Pierre Desproges)


Ce mois-ci, le signe tendancieux qui comme un crabe déjà mort* veut bien s’ouvrir entre des mains, ben tiens, mais ça dépend desquelles, ben oui, c’est…

* Christophe Miossec : Non, non, non (je ne suis plus saoul)

Cancer

signe de flotte – comme par hasard -, du 22 joint au 22 rillettes

Pour vous, les amateurs de Jules

Fan de / « Avraham n’en crut pas ses oreilles ; il ne s’appelait ni Lucas ni Janvier mais carrément… Jules ! » (page 64)

« Où est-il l’été ? l’été où est-il ? » Tkt Boby, l’est là et bien là. Ces temps subsahariens vous feront gagner un pognon de dingue ; les merguez grilleront sans charbon de bois (écologique !) et la sieste postprandiale vous clouera chez vous sans velléité de plage à rejoindre dans votre cargo thermique (écologique !). Il ne restera qu’à trouver de quoi passer le temps vu qu’il n’est guère sérieux (et écologique !) de basculer dans une activité gigoteuse et crapuleuse. Pour calmer vos ardeurs et rafraîchir vos synapses, Miranda prédit que vous serez emballé par une Série noire. Alors évidemment, fan de gros flingues qui fument, passez votre chemin et allez directement en prison, dont vous vous échapperez, avec la prédiction suivante.

Avraham Avraham est un drôle d’enquêteur, Un simple enquêteur, fan du 36 du Quai des orfèvres et de Jules Maigret, qui se navre de s’être engagé pour changer le monde et qui ne l’écorne qu’avec peine. Tenez, vlatipa qu’on lui donne deux affaires abracadabrantesques : un bébé abandonné devant un hôpital dont la caméra de surveillance a filmé la cigogne et un touriste parti sans ranger sa chambre et en laissant ses affaires. C’est pas encore avec ça que le monde va être propre. Mais les bourreaux comme les victimes sont parfois retors et derrière la simplicité se cache une immense complexité.

Vous serez imprégnés par le talent de Dror Mishani, qui peint plus qu’il n’écrit, pointilliste de la lumière ou Seurat de l’ombre, le doute vous habitera peut-être en refermant le livre (la fameuse question : qu’aurais-je fait moi, à sa place ? doublé du constat d’une sensation de ralenti comme si on attendait constamment une cascade improbable de l’enquêteur qui, en fait, ne fait qu’ouvrir une porte) mais pas celui d’avoir rencontré un être sensible, fin, de ceux qui font que la vie prend du sens si on s’intéresse aux autres. Israël, un État qui cumule deux forces qui sont aussi deux dysfonctionnements : la déraison religieuse et la raison d’État. On ressortira gêné par l’une (la question de l’avortement) et agacé par l’autre (le couvercle en fonte). Avec ça impossible de mener la sieste à son but final.

Un simple enquêteur, Dror Mishani, traduit par Laurence Sendrowicz, Gallimard, Série noire, 2022, 338 pages, 21€

livre reçu en service de presse, merci à Christelle Mata

Pour vous, ceux pour que la violence fascine ou rebute

Ça blurbe sévère / « La quintessence du Noir » (Pierre Lemaitre)

Vous allez recevoir des nouvelles de tonton Henri, celui qui avait de mauvaises fréquentations, va, en effet, les rejoindre puisqu’il va purger une peine à Jusson-les-chaussettes pour tentative réussie de corruption sur un agent de l’État dans l’exercice de ses fonctions. Pour une fois qu’il réussissait quelque chose. Il a en effet foiré son mariage (comme tout un chacun), loupé son diplôme de sténotypiste (il croyait préparer un CAP de plaquiste, il a les portugaises un peu ensablées) et raté son train (c’est lui qui conduisait, la gare de Mouilleron-le-Captif s’en souvient encore). Pfff… Vous allez passer le mois de juillet à aller le visiter car vous êtes tout ce qui lui reste comme famille. Les parloirs, c’est long, surtout quand on attend. Pour rester dans le ton mais sans lui donner trop d’idées à Riton le Genot (il est du Poiré sur vie), il y arrive très bien tout seul, vous lirez Évasion de Benjamin Whitmer.

Pour fêter l’année 1968, douze détenus s’évadent de la prison d’Old Lonesome – Colorado. La chasse à l’homme est lancée pour les récupérer avant qu’ils sèment ici et là la violence que la vengeance pourrait leur inspirer ou l’ivresse de la liberté leur suggérer. Le tout dans un décor de blizzard qui fait de l’extérieur une prison blanche et froide. Vous vous demanderez très rapidemment où sont le dehors et le dedans, tellement le tableau sera réversible. Du grand Whitmer (Pike), du grand Noir, du big Gallmeister. Et vous aurez vite les pieds dedans :  » Y en a un qui s’est chié dessus. Mopar Horn ignore s’il s’agit d’un maton ou d’un détenu, mais l’air du salon pulse en alerte rouge pour cause d’odeur de merde. » (incipit, page 15) Et la tête enfoncée : « On survit et on espère seulement qu’on pourra s’accrocher à un bout de soi-même qui vaille qu’on survive. » (excipit, page 419) Un grand coup de talon dans la fourmilière.

Évasion, Benjamin Whitmer, traduit par Jacques Mailhos (préface de Pierre Lemaitre), Gallmeister, Totem n°151, 2020, 422 pages, 11€10

livre acheté en librairie

Pour vous, les hommes crédules

Ça vole plus en escadrilles, ça kamikaze grave / « Y a longtemps que j’avais pas imaginé un plan aussi foireux. » (page 181)

Décidément, la chance vous sourira : Jean-Guy de la compta vous remboursera enfin vos frais de déplacements de l’an dernier, vous gagnerez 5€ à un gratte-gratte, vous répondrez au super-banco du jeu des mille euros (dans votre voiture, ha ben oui, pour gagner en vrai il faut se présenter…) et vous vous casserez la malléole au retour d’une sieste, c’aurait pu être le coccyx… Ne vous emballez pas, ce ne sera pas le moment de lancer une OPA avec les économies d’une vie pour acheter l’entreprise qui périclite à côté de chez vous sous le fallacieux prétexte que vous viendrez de lire une biographie de Bernard Tapie ou de vous lancer à la conquête de Charlotte de la maintenance de la photocopieuse car, 1. elle est belle, 2. vous êtes moche et 3. elle préfère les filles…

Il sera donc temps de prendre une leçon en ouvrant Fondu au noir de Jean-Jacques Reboux. « J’ai accepté le boulot en bénissant Finlay. Et voilà comment on se fait mener en enfer. » (page 11) Flicker est un journaliste à qui on propose l’entretien du siècle, à lui, le passionné de cinéma, non pas qu’on lui propose d’interviewer Robert de Niro mais parce que c’est payé 5000 dollars. Le cinéaste est aveugle mais, sa fille, le commanditaire a les atouts de Nina Roberts. Alors quand elle part avec Flicker en le payant double pour aller squatter un petit motel de nuit, Flicker plonge. Et le lendemain a les couleurs d’un petit matin blême quand la bombe a disparu, que son père a déserté la maison qui ressemble désormais à une maison qui n’aurait jamais été habitée, qu’on retrouve un cadavre chez lui et que Finlay affirme ne jamais vous avoir trouvé de filon mais de vous avoir donné les coordonnées d’un homme qui pouvait vous dépanner financièrement. Cet homme se trouvant être celui qui tache votre cuisine de son sang. Comment Flicker va-t-il pouvoir justifier un mobile qui s’effondre et expliquer pourquoi l’arme du crime porte ses empreintes et que les dix mille dollars proviennent de la poche du cadavre ?

Vous retrouverez Jean-Jacques Reboux avec plaisir et, décédé en 2020, il vous apparaîtra plus talentueux et vivant que jamais : un auteur n’est mort que quand on ne le lit plus sera la devise du mois.

Fondu au noir, Jean-Jacques Reboux, canaille/revolver, 1995, 222 pages, republié en Folio policier n°168 (si vous arrivez à le trouver, d’occasion ?)

JJR est sur BBB, dans le nuage sur la droite, pour une fois…

livre dédicacé et offert par l’auteur éditeur, merci JJ

Pour vous, les parents qui en ont

Sales gosses / Les vieux faudrait les tuer à la naissance

Des enfants. On se calme. Je sens bien que le signe cancer vous excite aussi vous préviens-je que là, on cause littérature jeunesse. Alors de la mesure, du sérieux, de l’empathie.

Le petit dernier, Kevin-Kyllian fera rien qu’à pleurer : quand ce s’ra pas les dents, ce s’ra la couche à changer, quand l’otite enflammera pas l’oreille, ce s’ra les bronches qui s’encombreront. Vous penserez bien à le garrocher contre le mur afin qu’il ne fonctionne moins bien mais vous douterez que la société comprenne votre geste. Pour éviter de passer au mieux pour un incompris, au pire pour un monstre, vous fermerez la porte de la chambre, utiliserez des bouchons d’oreille et vous plongerez dans Enfantillages de Gérard Dubois. Vous pourrez ainsi dire, j’ai rien entendu, pas de ma faute, pouvait pas savoir ou quand on n’entend pas, on n’entend pas.

Figure 1

Vous vous régalerez, pourquoi pas en couple, de ces facéties d’enfance (figure 1) qui viendront grossir votre cœur de papa et de maman et dans lesquelles poindra comme un goût de nostalgie. De plus, vous apprendrez sûrement quelques trucs, quelques ressorts pédagogiques (figure 2) pour l’éducation de votre propre progéniture.

Figure 2

Vous vous demanderez même si Gérard Dubois ou encore Mia Oberländer (Anna – figure 3) ne seront pas à l’origine d’un courant novateur (Grandir ou la gifle) dont vous serez fiers d’avoir été à l’avant-garde (théorie ET pratique). N’oubliez pas de citer votre source.

Enfantillages de Gérard Dubois, Rouergue, 2015, 93 pages, 15€90

livre reçu en service de presse, merci au service de presse de l’époque.

Figure 3

Miranda Mirette

2 réflexions sur “Astro Aspro Cancer 2023

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