Astro Aspro Vierge 2023

Astro Aspro est l’horoscope officiel de broblogblack. Il est naturellement confié à une vieille amie pythie-astrologue numérologue-cartomancienne, voyante-sémiologue, augure-toutologue, autrefois devine chez Shanghai Express et oracle chez Noir comme Polar, c’est vous dire si elle a des références et que bbb est fier de la compter parmi lui. Chaque mois, elle viendra délivrer la bonne parole pour que votre futur soit enfin ce qu’il devrait être : clair comme de l’eau de charbon. Ses prédictions de lectures toucheront les hommes, les femmes, les jeunes et toutes les autres catégories de notre population lectorale. Vous saurez désormais ce que vous allez lire. FB

(illustration de Shanghai Express)

Les citations du mois

« Une église sur le fronton de laquelle était écrit : « Ah qu’il est bon le bon Dieu ! » Ce n’était pas de l’humour, d’autant qu’à tout prendre, un « Ah qu’elle est vierge la Vierge Marie ! » eut été plus amusant. » (Hervé Le Tellier, Toutes les familles heureuses)

« Un enseignant ne fait pas cours, il enseigne quand il n’est ni malade, ni en stage, ni en grève ou en vacances. Le jour de la rentrée quoi… »*

* C’est comme ça que l’auteur de ce blog présente son métier quand on sous-entend qu’il n’en fout pas une rame. L’ironie oblige les cons et rassure les idiots.


Ce mois-ci, le signe qui fait ce qu’il veut avec ce qu’il a, c’est…

Vierge

signe de terre mouillée et de muscadet frais du 23 roi au 22 république

Pour vous, les filles qui mentent

Le coup du bandeau / La révélation islandaise

Bon, y a la rentrée qui s’annoncera – déjà qui z’avaient commencé au Termarché à mettre les cahiers 96 pages grands carreaux en tête de gondole au début du mois de juillet -, si, en plus la rentrée littéraire nous pompera la tête et nous chauffera la carte bleue avec ses 466 romans (selon la police, bien plus selon les éditeurs) , on n’aura plus qu’à aller se coucher et attendre la Balance. Non non non non, vous ne serez pas défaitistes, vous affronterez ET votre coach personnel en développement du même nom ET l’actualité avec ses nouvelles qui sont mauvaises d’où qu’elles viennent ET vous vous rebellerez contre ce modernisme gluant en versant dans la réaction et la mode islandaise. Vous vous plongerez dans un poche (stop au capitalisme du grand format) d’avril (!) 2023, réédition d’un roman publié par La Martinière en 2022 (!) et écrit par – respirez un coup – Eva Björg Ægisdóttir en 2019 (!).

Certes certes, le coup du bandeau vous agacera mais vous passerez outre – vous penserez à la désolation islandaise (facile) puis vous vous reprendrez – et nous ne le regretterez pas. Les Filles qui mentent est un thriller vous annoncera la quatrième de couverture, certes, certes, mais au ralenti – le froid gèle la vitesse. Vous suivrez l’enquête d’Elma, inspectrice à Akranes au nord de Reykjavik, sur le meurtre d’une femme célibataire classé en disparition/suicide sept mois auparavant. Entrecoupé du récit d’une femme et de ses rapports ambigus avec sa fille, que vous n’aurez de cesse de tenter de placer dans le récit principal (mais qui est cette femme ? mais qui est cette fille ? mais qui suis-je pour croire que je vais y arriver ?), vous vous direz que la vérité est parfois poisseuse. Et que les femmes sont des hommes comme les autres : elles vivent, elles mentent, elles tuent…

Les Filles qui mentent, Stelpur sem ljúga, d’Eva Björg Ægisdóttir, traduit par Jean-Christophe Salaün, Points Seuil n°5905, 2023, 426 pages, 8€90

livre acheté en librairie, aux Instants libres

j’avoue avoir cédé au coup du bandeau

Pour vous, les pauvres d’esprit

Ouin-Ouin shériff / « …il n’y avait que de la soupe de poisson dans mon crâne. (…) … ma tête était creuse comme une bouée. » (p.13)

Réchauffé.e par votre expérience précédente (lire plus haut), vous déciderez qu’un c’est bien et que deux, c’est mieux. Vous reprendrez donc un coup d’Islande mais achalandé par un auteur d’origine suisse allemand, Joachim B. Schmidt qui vit, par amour du requin, depuis 2007, à Reykjavik. Et vous ouvrirez Kalmann. Kalmann a 34 ans et un chapeau sur la tête et une étoile de shérif sur la poitrine. À sa hanche pend un Mauser hérité de son père américain qu’il n’a pas connu. Son grand-père lui a appris à pêcher le requin et à chasser le renard, notamment le renard bleu. Kalmann est simple, trop pour ses camarades : ils disent qu’il a un « crâne plein de soupe de poisson, une « tête creuse comme une bouée ». Kalmann, c’est aussi l’histoire d’un homme qui a disparu, Robert McKenzie, c’est même Kalmann qui a découvert les traces de sang.

Vous serez saisi.e par ce récit d’un Oui-Oui shérif, c’est lui qui raconte, un Ouin-Ouin que tout le monde connaît dans le village de 175 âmes. Vous vous direz qu’il en manque 1100 pour arriver au chez d’œuvre de Big Jim Thompson. Vous vous tromperez. Ce Kalmann-là est beaucoup plus lucide (« [Elle a dit qu’]elle aime pas les Lituaniens, ni les Roumains, ni les Noirs, ni les jeunes, ni les hommes politiques, ni les touristes, ni le temps, ni la circulation. ») que vous ne le serez sur vous-même : « Je n’étais pas un shérif. (…) Je n’étais pas un chasseur non plus. Je n’étais personne. J’étais seulement l’idiot du village. » (p.331) et plus avancé dans l’enquête que vous et la flic qui tente de résoudre le meurtre de Robert McKenzie : « ça voudrait dire qu’il y a une justice« . Vous vous direz, décidément, que le monde va à vau-l’eau, un monde qui ne connaît plus « le boom du hareng » (p.34), s’éloigne, devient négligeable. Retour au blues de la rentrée (lire plus haut). Merci bien Miranda.

Kalmann, de Joachim B. Schmidt, traduit par Barbara Fontaine, Gallimard, La Noire, 2023, 354 pages, 22€

livre reçu en service de presse ; merci à Christelle Mata

conseillé par le CDAP

Pour vous qui aimez les BD à la con en noir et blanc

Noir, c’est noir / Y’a quelqu’un ?

Vous qui vous rangez dans la case ligne claire, 48 pages, 12 cases par planche, cliffhanger et turnpager, vous vous surprendrez à ouvrir Deep me de Marc-Antoine Mathieu. Ça m’étonnerait vous vous dites, là, en lisant cet horoscope, mais moi, je vous rappelle, je prédis, étonnant, non ? Et comme le disait Pierre Dac : « Les prévisions sont difficiles surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. »

Justement. Vous imaginerez. Vous vous réveillerez, dans le noir. Vous entendrez quelqu’un prononcer votre nom : « Adam ? » Vous vous demanderez : « Q… qu… Qui parle ? » Vous questionnerez : « …où suis-je ? », « Pourquoi tout ce noir » et, en effet, les cases seront noires. Mais on ne vous entendra pas : « Adam ne ressent absolument rien. Et il ne peut absolument plus rien faire. » Vous crierez (?) : « … Mais si ! Je parle ! Je vous parle ! » L’angoisse montera et vous oublierez votre aversion pour la BD moderne, le non-sens et la fainéantise du dessinateur qui colorie les cases en noir, sans dépasser. Et comme lui, vous chercherez une explication : la mort ? le coma ? Et tout finira-t-il par s’éclairer ? Une belle claque mais ça, vous ne le saviez que vous la prendriez, en ouvrant cette BD, que si vous connaissiez l’auteur… Pour les autres, ce sera une découverte et l’envol pour de nombreuses autres pistes de lecture qu’offre la série du même auteur, Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves.

Deep me de Marc-Antoine Mathieu, Delcourt, 2022, 19€99

livre emprunté à la médiathèque

je lis tout ce que Marc-Antoine Mathieu dessine, c’est toujours bluffant

Pour vous, les enseignant, toujours en vacances

Prenez une feuille ! / « … ça va être facile de lui faire la misère… » (p.5)

La rentrée, en fait, ça ira. Le jour de la pré-rentrée, vous serez entre profs, c’est l’idéal, l’enseignement sans élèves. C’est l’entrée en classe qui sera difficile. Surtout si vous débutez. Enseigner, ce n’est pas dire. C’est surtout répéter. Mais avant, avant même de vouloir transmettre quoique ce soit, c’est tenir sa classe, c’est-à-dire comprendre très vite, dès la première heure délivrée, qu’enseigner, « c’est pas du privilège c’est du sacerdoce. » C’est affronter plus que trente faces poupines, c’est faire face à une classe, un bloc dans lequel ressortent quelques têtes, comme celle de Max, qui déclenchent Des rires de hyènes.

Alors pour affronter l’année scolaire à venir et vous rassurer/inquièter (raye la mention inutile), vous lirez l’expérience de Julien et de la 4ème B dont un collègue dit : « Putain les 4ème, quand même, ils sont de plus en plus cons chaque année. » Mais pour le rassurer, il ajoute : « Ils seront moins cons l’année prochaine. » Sans vous donner des idées, vous comprendrez que le harcèlement scolaire qu’il faudrait qualifier plutôt de harcèlement à l’école, car, ce n’est pas l’école qui harcèle, normalement… Un roman de Marion Brunet pour les jeunes (Faction est une collection jeunesse) qui donnera à réfléchir à tout le monde : aux parents, aux enfants et… aux enseignants…

livre reçu en service de presse ; merci à Josée Guellil

lu sous les conseils de bbb

Miranda Mirette