Wolfing en Bretagne

« Accidentée à la naissance, Marie-Céleste avait un oeil aux trois quarts fermé, une épaule tombante et une patte plus courte que l’autre. (…) Quand elle ouvrait la bouche pour dauber, on se demandait si c’était sa gueule ou ses chicots qui obliquaient. »*

* Ösdur, Gunnar Persson, traduit par Hervé Jaouen, page 26

La position du critique debout est une zone critique mettant en avant un ou plusieurs livres de manière la plus franche possible sans souci d’y trouver, en retour, la moindre compensation si ce n’est celle que vous auriez en me disant que cela vous a donné envie de lire… ou vous aura éclairé pour ne pas le lire…

1000 signes est une critique en 1000 signes (vous pouvez recompter), pas plus, titre, introduction, signature et références exclus. FB

Au programme ce jour, à l’auberge rouge sang, il ne vaut mieux pas s’arrêter. Léon le Bio et Marie-Céleste sa soeur y pratiquent le woofing. Vous participez à la ferme en échange du couvert et du lit. Le problème, c’est qu’au Trou-joyeux, on finit souvent découverte et on fait son lit six pieds sous terre…

À « Trou-joyeux », Léon le Bio assassinait gaiement*

* Ösdur, page 8 (opus cité)

On le savait doué. Hervé Jaouen ajoute à son arc une corde de plus : traducteur du suédois. Cela vous étonnera peut-être mais pas ici à brobloblack puisqu’y a été publié le 1er chapitre de ce roman noir de Gunnar Persson, Ösdur.  On a vite les pieds dans la bouse à Trou-joyeux où Monika réussit à s’échapper de l’emprise malfaisante de Léon le Bio malgré son collier GPS pour poster un SOS à sa sœur. Le cœur brisé, Ingrid ne peut que venir voir ce qui se passe à Toullaouen sauver ce qui reste à sauver mais quand on plonge pour éviter la noyade, on la risque aussi. Succulent, truculent, drôle, ce roman est d’une lecture roborative et d’un style ingénieux tout en images : elle « veillait, entre un ragoût de choux et un gratin de macaronis, à ce qu’il ne manque pas de PQ dans les goguenots, par un écolo baptisés toilettes sèches, alors que les planches du pourtour du trou étaient régulièrement humidifiées par des pisseurs qui se méprenaient sur la longueur de leur asperge ». Ça donne envie.

Ösdur, Gunnar Persson, traduit de l’anglais par Hervé Jaouen, Skol Vreizh, 2023, 227 pages, 17€ (la citation se trouve page 134)

Merci à Gunnar Persson d’avoir réservé à broblogblack le privilège de publier le premier chapitre il y a tout juste un an et merci à Hervé Jaouen d’avoir joué l’intermédiaire et d’avoir envoyé le livre.

François Braud

papier écrit en écoutant Gwendal, Je pars à Noyac

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