Astro Aspro Bélier 2024

Astro Aspro est l’horoscope officiel de broblogblack. Il est naturellement confié à une vieille amie pythie-astrologue numérologue-cartomancienne, voyante-sémiologue, augure-toutologue, autrefois devine chez Shanghai Express et oracle chez Noir comme Polar, c’est vous dire si elle a des références et que bbb est fier de la compter parmi lui. Chaque mois, elle viendra délivrer la bonne parole pour que votre futur soit enfin ce qu’il devrait être : clair comme de l’eau de charbon. Ses prédictions de lectures toucheront les hommes, les femmes, les jeunes et toutes les autres catégories de notre population lectorale. Vous saurez désormais ce que vous allez lire. FB

(illustration de Shanghai Express)

« Y a plus d’printemps »

Ce mois-ci, un signe qui fonce droit devant, qui cogne sur ce qui bouge et qui n’aime pas qu’on lui tonde la laine sur le dos, c’est :

Bélier

… un signe qui se la pète sous le prétexte qu’il est gnagnagna le premier signe zodiacal, situé à égale distance d’Alpha, de Beta et de Gama, ce dont on se fout éperdument…

Pour vous qui voulez épater sans vous fouler

« J’ai lu un livre » / Non ?

Ce sera votre année ! Allez, votre mois au moins, au pire votre décan. Ce sera décidé, plus question de passer pour un analphabète qui n’a pas lu un livre depuis la 6e, vous déciderez de vous y mettre en ouvrant le roman de… putain ! 689 pages. C’est plus un livre, c’est une enclume. Vous voudrez bien lire mais pas faire de la muscu. Pas de panique, Gallmeister a pensé à vous. Pour l’achat* de deux livres, ha ben oui, faut investir un peu quand même, de la collection Totem, vous recevrez un cadeau. Une nouvelle. 37 pages pour le Craig Johnson (Un vieux truc indien ET Incendiaire, traduit par Sophie Aslanides) et 44 pages pour le Trevanian (Nuit torride en ville, traduit par Fabienne Gondrand).

* ou alors, faire de l’œil au libraire, lui offrir une part de tarte tatin, le menacer de mettre le fe… non, restez donc à la solution prônée plus haut.

Le Craig Johnson vous fera découvrir Walt Longmire, le héros récurrent de près d’une vingtaine d’aventures commencées avec Little Bird, traduit, déjà, par Sophie Aslanides*. Un vieux truc indien vous apprendra comment passer pour un être fin et intelligent, voire subtil en étant simplement pragmatique. Cela vous rappellera la vieille blague indienne (à vous aussi de frimer) qui narre qu’un Blanc coupant du bois entend un Indien dire Hiver rude. Conscient du lien particulier des Indiens avec la nature, il se met alors à couper encore plus de bois. L’Indien réitère à nouveau sa phrase. Ce qui pousse le Blanc à raser quasiment la forêt jusqu’au moment où il finit par lui demander comment il sait que l’hiver sera rude. Et l’Indien de répliquer : Quand homme blanc couper du bois, alors hiver rude. Non seulement vous ferez rire mais vous passerez pour un inconditionnel de Craig Johnson. Merci qui ?

* que l’on peut retrouver ici, sur bbb

Vous battrez le fer encore tiède en enchaînant sur la deuxième nouvelle, Incendiaire. Lucian Connally est distrait ; il a laissé le radiateur allumé trop près des rideaux. Le vieux shérif, mentor de Walt Longmire passe alors pour un vilain incendiaire. Mais il beugle son innocence. Ce que c’est que la vieillesse… « Je crois que je perds un peu la boule. » Loin de lâcher l’affaire, Walt va rassurer son ami après une petite enquête dans la maison de retraite. Et après, vous pourrez dire que vous avez lu deux aventures de Walt Longmire et, à moins de tomber sur un spécialiste (méfiez-vous tout de même, ils sont nombreux), personne n’ira compter le nombre de pages. Au pire, faites l’idiot, c’est quand même ce que vous faites de mieux.

Craig Johnson, Un vieux truc indien (Old indian trick traduit par Sophie Aslanides) suivi de Incendiaire (Firebug, traduit par S.A.), Gallmeister, Totem, 2024, 37 pages, livre offert par votre libraire (merci Hélène).

Mieux encore, mais il faudra se fader 44 pages (d’abord, oubliez ce vocabulaire dédaigneux, vous commencez mal là), vous pourrez passer pour un fan absolu de Trevanian, cet écrivain aussi mystérieux que génial (un peu vous quoi) dont on ne sait pas grand-chose sauf qu’il avait du talent en masse, comme dirait nos amis québécois. Nuit torride en ville commence par une angoisse : un homme observe une femme dans un bus, descend au même arrêt qu’elle et la suit dans la rue. Nuit torride en ville se poursuit par une rencontre amoureuse sur un mode ludique et Nuit torride en ville se termine sur un coup de théâtre. Vous pourrez dire, si vous voulez en rajouter, que vous l’aviez vu venir mais n’en faites pas trop ; dites simplement que c’est construit brillamment. Ce sera bien suffisant. En plus vous aurez une autre compensation ; Nuit torride en ville est la nouvelle éponyme* d’un recueil. En lisant la nouvelle on croira que vous avez lu le livre…

* épo quoi ? C’est pas gagné…

Trevanian, Nuit torride en ville (Hot night in the city traduit par Fabienne Gondrand), Gallmeister, Totem, 2024, 44 pages, livre offert par votre libraire (merci Hélène).

Pour vous qui voulez vous fouler sans épater

« T’as pas lu ça ? » / Si !

Vous prendrez alors l’air modeste en affirmant que l’essentiel n’est pas là. Quand même ! vous dira-t-on… Vous aurez alors beau jeu de mignardiser (vous vous ne referez décidément pas…). Plus de 700 pages (748 avouerez-vous en haussant les épaules d’une moue dédaigneuse – pas facile, vous vous entraînerez) sur un fait divers vieux de 60 ans (1964) : le meurtre d’un enfant dans la France gaullienne de l’ORTF qui disparaît (l’enfant, pas l’ORTF – elle naît justement en 64, et meurt en 75) le lendemain du jour de naissance de l’auteur du livre : Philippe Jaenada. Pas connais ? Jaenada, c’est cet auteur qui s’est fait une spécialité d’enquêter sur des faits divers afin de rétablir une vérité souvent ignorée qui peut souvent aussi se travestir en mensonge. Innocenter un coupable, comme l’écrivain Georges Arnaud, l’auteur du Salaire de la peur, accusé d’un meurtre sanglant (Lire La Serpe). Là, il s’agira de Lucien Léger, dit L’Étrangleur, longtemps le plus vieux prisonnier de France (plus de 40 ans de zonzon) auquel s’attable Philippe Jaenada avec intelligence, ténacité et humour, ouvrant des parenthèses sur ses problèmes de santé (une grosse boule dans les sinus), ses addictions (whisky et cigarettes, moins les petites pépées, il a Anne-Catherine, le gruyère râpé, les pâtes, les cordons bleus Picard…), ses manies (son sac matelot écossais) et ses travers (de lignes en lignes il avait promis un livre plus ramassé que d’habitude, c’est raté et on est content, pour nous c’est réussi). L’auteur dissèque tout, les journaux, les enquêteurs, les témoins, les victimes, les proches, les suspects, le condamné, sa femme (pas de petit prince, non, désolé, vous serrerez la pince à quelqu’un d’autre) et ce sera un pavé de plaisir. Au printemps des monstres*, une lecture idéale pour l’ouvrir en cette saison.

* bbb en vait déjà parlé,

Philippe Jaenada, Au printemps des monstres, Mialet Barrault, 2021, 748 pages, 23€, livre acheté en librairie.

Miranda Mirette

papier écrit un soir de printemps et relu le matin au thé des moines.

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