Commère l’intrépide

Ça bouge dans le noir est une rubrique alertant l’œil du lecteur et de la lectrice vers une information concernant un festival, un prix, une arrivée ou un départ, une conférence, une disparition, bref, quelque chose de la plus haute importance dans ce « genre que nous aimons »… FB

Vendredi 3 novembre à 20h30 à la médiathèque Aliénor de Talmont (85), j’aurais l’honneur de modérer une rencontre (ce devrait être facile, de modérer, quand on est deux) avec Hervé Commère. Sont prévus, après une heure de discussion, des questions dans le public (s’il y en a, des questions, du public, évidemment) et une séance de dédicaces.

Nous parlerons de l’œuvre d’un auteur intrépide, qui préfère le panache à la réussite mais qui atteint les deux.

Son dernier roman se nomme Les Intrépides (Fleuve Éditions, 2022, 18€90).

Raoul est chauffeur de taxi, un Multivan, pas un camion. Il n’aime pas les fils de. Il aime se forger lui-même son destin. Il vit avec Valérie. Ça a matché tout de suite entre-eux. Ça se délite doucement.

Suzanne a connu son Jules ici. Dans ce deux pièces. Toute sa jeunesse. Une part de son amour. Jules, c’est même lui qui a planté l’arbre en bas et posé le banc sur laquelle elle s’assied souvent depuis qu’elle est seule. Même si. Il y a Mélody qui vient colorer sa vie, étudiante aux Beaux-arts.

Dave Missouri a mis son nom sur la boîte aux lettres mais on le voit peu. Un vrai courant d’air. Une note de musique qui tinte et puis plus rien.

Bastien est un winner, qui cause en kilos et en anglais et se fout du tiers comme du quart sauf quand ça parle money, là les pourcentages l’intéressent. Pourtant il ne vend que du savon, pas de quoi se faire mousser.

Tous les quatre habitent le même immeuble. En vente. Ils vont devoir déguerpir. Et ils ne veulent pas. Et si en s’y mettant à plusieurs, ils pouvaient contrecarrer le projet. Pourquoi ne pas y croire, hein ? Avec un peu de volonté… Quand on veut… Il suffit de… Y a qu’à… Ils ne seront pas trop pour trouver une solution et tenter de la mettre en œuvre.

Ne vous attendez pas à voir surgir un cadavre entre les murs de deux appartements ou au fond du coffre du Multivan. Pas plus que l’once du projet du rêve de braquer le crédit mutuel du coin. Voire d’assassiner celui ou celle qui.

Mais si Hervé Commère s’éloigne du polar, il n’abandonne rien de ses exigences habituelles : tension narrative, capacité à inventer la vie qui va avec un personnage, à le faire vibrer, à lui donner une âme, à nous faire toucher du doigt le doigt du destin (ce peut d’ailleurs être tant un pouce levé qu’un majeur dressé), thématique du destin, spirale de l’amour, labyrinthe de la bêtise, quotidien romanesque… Comme si on commençait toutes les phrases par et si ?

Et si la solution, ce n’était pas l’histoire mais nos histoires mises bout à bout pour faire une chaîne dont les maillons n’asserviraient pas mais contribueraient à libérer chacun chacune du carcan de la résignation ?

Et si la solution, ce n’était pas le but mais la manière d’y arriver ? Un peu comme un voyage.

Et si le projet était plus excitant que sa réalisation ?

Et si le plaisir était de monter dans l’escalier ?

+++ Si jamais vous ignorez encore qui est Hervé Commère et ce qu’il écrit, il est temps de vous y mettre, mais, pas de panique, bbb est là : J’attraperai ta mort (son premier roman) Ce qu’il nous faut c’est un mort (un extrait), Sauf (Haïkaisation), les ZAD d’Hervé Commère (plus une critique de Regarde, et, l’homme est généreux, une nouvelle offerte : Tomatic) et une autre nouvelle : Aux beaux négociants.

François Braud

J’ai découvert Hervé Commère avec son premier roman, J’attraperai ta mort, qui m’avait été envoyé par Stefanie Delestré (je crois), actuelle directrice de la Série noire. Ce roman-là, Les Intrépides, je l’ai lu grâce à une version pdf prêtée par l’auteur ; merci Hervé.

Papier écrit en écoutant de la chanson française : Fabien Martin, La Jetée.

Papier recensé par bibliosurf, meci à lui.

Une réflexion sur “Commère l’intrépide

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