Contre dictionnaire amoureux du polar / Lettre A (partie 3)

Ce projet de « Contre dictionnaire amoureux du polar » (CDAP) est un projet à long terme, très long terme. Il se veut un hommage critique au Dictionnaire amoureux du polar (DAP) de Pierre Lemaitre (Plon), lauréat du trophée 813 Maurice Renault récompensant un ouvrage mettant en avant « le genre que nous aimons ». J’ai relevé le défi de bâtir un contre dictionnaire au sien, un codicille ou plutôt un complément, pas qu’une exégèse ni qu’une critique. Ni éloge, ni hagiographie, ni panégyrique, mais pas non plus de pamphlet, de satire, de diatribe. Juste une petite porte entrouverte par l’auteur dans laquelle je me suis engouffré :  » Il y aura des oublis impardonnables, des injustices criantes, des jugements contestables, c’est inévitable : c’est un dictionnaire de ce que j’aime, et encore n’ai-je pas pu mettre tout ce que j’aime » (introduction, page 11). J’ai donc relevé la gageure de combler, de réparer, de contester et, inévitablement, de construire le dictionnaire de ce que j’aime, et encore, sans pouvoir y mettre tout ce que j’aime et avec une difficulté supplémentaire, c’est de ne pas pouvoir (vouloir) revenir en arrière une fois la lettre publiée (pas de vision générale avant la fin). Ce sera le CDAP d’un critique mais aussi celui d’un éditeur (La Loupiote), auteur, directeur de festival (du polar à La Roche-sur-Yon – 85), rédacteur d’une revue (Caïn) et de tous ses souvenirs. Ce sera avant tout le CDAP d’un hannibal lecteur. Chaque lettre donnera lieu à deux parties : une critique des entrées de Pierre Lemaitre et un développement de celles qu’il aurait pu/dû y mettre. Voilà. L’hommage est sincère mais la langue n’est pas de bois. Le maître me pardonnera. FB

À qui avez-vous affaire ?

Lettre A

(3ème et dernière partie)

Rappel A (1ère et 2ème parties)

Première partie

Après avoir passé en revue les troupes du A de Pierre Lemaitre (PL), son coup de cœur sur Lehane via Christie et son roman Le meurtre de Roger Ackryod, son coup de plume sur American psycho de Brett Easton Ellis et son coup de griffe sur le film qui en a été tiré, le coup de corne de brume sur Autobiographie d’un tueur de Ryck et sur Ambler, le blogueur que je suis, François Braud (FB) a glosé sur ce défilé en proposant qu’on y ajoute : L’ABC du métier (cet abécédaire fourmillant de Jean-Bernard Pouy), quelques camions citernes d’Alcool qui troublent le genre et un ALIBI en béton avec la revue dont nous aurons tous besoin un jour.

Deuxième partie

J’ai décidé de mettre un sérieux coup de brume sur Jean Meckert, dit Jean Amila (recevant le Prix des Visiteurs de l’Ombre en 1985 comme le rappelait à côté du lui sur cette photo Didier Daeninckx dans la 2ème partie du CDAP) afin que le lecteur, la lectrice, puisse le lire et, ainsi, rendre justice à la littérature à défaut de rendre celle que l’homme et l’écrivain méritaient. Et, noblesse oblige, le lecteur, attentif, la lectrice, passionnée, ont pu aussi étoffer leur stock d’Arme du crime des fois qu’un besoin urgent se fasse sentir…

Tout cela est bien beau mais ce n’est pas fini. PL n’aurait-il pas pu/dû s’éreinter dans la brume à pousser un long cri d’amour et de reconnaissance pour Georges G. Arnaud, hein ? Et Paul Auster ? Non ? Avis déchéance ? Hum… Et pas Aztèques Dansants ? Vous me direz, hein ?

Arnaud, Georges-J.

Le multiple Georges-J. Arnaud

Vali Izquierdo

ttention ! Monument de la littérature populaire ! La revue Le Rocambole (Bulletin des amis du roman populaire), dans son numéro double (88/89 : Le multiple Georges-J. Arnaud *) recense (en 2019) 426 œuvres sous divers pseudonymes de Georges J. Arnaud (1928-2020) dont 276 titres sont parus au Fleuve noir. Autant vous dire qu’il faudrait une vie pour lire tout ce qu’a écrit l’auteur de La Compagnie des glaces, la saga la plus longue de la science-fiction (98 tomes), ses romans d’espionnage (Les Égarés, palme d’or du roman d’espionnage en 1966) qui ont bouleversé un genre codifié et marqué idéologiquement, ses ouvrages licencieux, croustillants et érotiques (Chaleurs), ses livres d’angoisse (flirtant avec le réalisme fantastique, ses pages gore (Grouillements), ses récits d’anticipation (Les Croisés de Mara), ses épopées historiques (Le Rat de la conciergerie), ses romans d’aventure (L’Enfer des humiliés) ou quelques incursions pour la jeunesse (La Fille de verre), chez les régionalistes (Les moulins à nuages) et dans les nouvelles (Semaine sanglante**). Ce qui va nous intéresser ici, là, maintenant, c’est évidemment son versant « policier » et plus particulièrement noir.

Le Rocambole n°88/89, Le multiple Georges-J. Arnaud, 2019, 352 pages, 30€

* Ce sera ma bible pour ce papier. Toutes les citations de G-J. Arnaud, sauf contre-indication, sont extraites de ce livre.

** in La Crème du Crime, Michel Lebrun, Claude Mesplède, L’Atalante

Moi Georges-J. Arnaud : « Aussi loin que je remonte, j’ai toujours écrit. »

Licencié en droit, Georges Jean Camille Arnaud effectue son service militaire au 3ème régiment de chasseurs d’Afrique et, son épouse, envoie un de ses manuscrits à la sélection du Prix du Quai des Orfèvres. Hachette lui propose un contrat mais pour cela, il doit changer de nom. En effet, s’il a multiplié les pseudonymes *, c’est parce qu’il avait été mis en difficulté de publier sous son propre nom propre. En effet, depuis 1950, son identité lui a été « spoliée » par Henri Girard, alias Georges Arnaud qui connaît un succès phénoménal avec Le Salaire de la peur (c’est aussi ce qui va arriver à Robert William Arthur Cook, dit Robin Cook qui adoptera, un temps, le pseudonyme de Derek Raymond pour se démarquer du thrilotteur médical homonyme Robin Cook). « Quand […] je suis tombé en arrêt devant la vitrine d’un libraire et que j’ai vu : Georges Arnaud, Le Salaire de la peur, je me suis dit, ce n’est pas possible, tu n’as jamais écrit un bouquin et il paraît ! »** (entretien CELP/OMCA avec Robert Bonaccorsi & Michel Rosso, 1983). Il sera donc Saint-Gilles. Et obtient en 1952 le Prix du Quai des Orfèvres pour Ne tirez pas sur l’inspecteur, devant, excusez du peu, Léo Malet. Paraît alors Noces d’acier en 1954. La machine est lancée.

* Saint-Gilles, Georges Murey, Gil Darcy, Georges Ramos, Serge Sauvec, David Kyne, Ugo Solenza, Frédéric Mado, Gino Arnoldi

** Clin d’œil au voleur, en publiant Dernier convoi en 1962, il écrit sur la 4ème de couverture : « Ce roman policier a pour cadre la Guatemala en pleine révolution. N’importe quel autre pays de l’Amérique aurait pu faire l’affaire. » Parallèle évident avec ce qu’affirmait l’autre : « …le Guatemala […] n’existe pas. Je le sais, j’y ai vécu. » Il se vengera d’ailleurs en « lui volant sa mort« .

Le Fleuve noir et Gourdon*

Pilier de la collection Spécial-Police (il en sera d’ailleurs le n°2000 en 1986) et Charon du Fleuve noir, Georges-J. Arnaud, nocher populaire, a fait trépasser des personnages et enterrer des collections. Un des plus importantes fut sans doute celle du Commander. Dans un contexte de guerre froide et face à la concurrence des Presses de la Cité [qui lance la collection Un mystère en 1949 (création de l’OTAN) offrant, au public avide de luttes occidentales contre le danger rouge, des romans policiers et d’espionnage anglo-saxons et, à partir de 1953 (mort de Staline) du très français Hubert Bonnisseur de la Bath de Jean Bruce, plus connu sous l’acronyme d’OSS117], Georges-J. Arnaud va se mettre « dans le coup« . Il peinera à trouver un héros récurrent (« La série est un mal de l’espionnage.« ) d’autant plus qu’à OSS117 un autre concurrent, de la maison du Fleuve, s’est mis sur les rangs : Francis Coplan, alias FX-18 par Paul Kenny. Pour « améliorer [s]on standing de vie**, ne perdons pas de vue cet objectif« , il créé Luc Ferran (ID 18), membre du NID, Nato Intelligence Departement (bureau de renseignements de l’OTAN) qui filera – si mon compte est bon – 19 aventures puis Le Commander, alias Serge Kovask, « un austère, une sorte de moine du roman d’espionnage, moins franchouillard que Kenny et les romans d’avant-guerre de Pierre Nord« . Mais le personnage l’ennuie de plus en plus aussi lui adjoint-il un partenaire, une femme (« un coup de génie, je crois, une sorte d’illumination« ), Cesca Peppini, dite la Mama. Elle arrive à la 23ème mission. Immédiatement, Georges-J. Arnaud s’y attache à sa Mamma, qui apporte un peu de dérision et un côté latin qui manquait à [s]on personnage d’origine russe, anglo-saxon et vraiment emmerdant comme tout. Le Commander et la Mamma (1971 : reconnaissance de la Chine communiste par l’ONU) présente « une vieille femme fatiguée, tout habillé de noir (…), d’une corpulence importante, sans mauvaise graisse, un œil très vif qui cachait son éclat dans des paupières fripées. » Elle apparaîtra jusqu’à sa dernière mission en 1986 dans Cerveaux empoisonnés. Mais, avant, bien avant, dès 74 (scandale du Watergate, Nixon démissionne, Ford le remplace) chaque personnage aura tourné le dos au renseignement pour se rapprocher des services de sécurité (Escadron spécial). Une sorte de révolution intérieure de l’auteur (due au coup d’État du 11 septembre 1973 au Chili) pour amorcer son virage de l’espionnage au policier : « Là j’ai dit : c’est fini le roman d’espionnage, moi je veux faire autre chose« . La CIA, voilà l’ennemi ! Georges-J. Arnaud multiplie alors des romans plus engagés, moins dans la ligne des premiers Commander : Alternative mortelle (1977 : Carter devient président des EUA) au Chili, Les Veuves de Berlin (1982 : Andropov à la tête de l’URSS), « Les rescapés du Salvador » (1983 : Invasion de la Grenade)…

Le Commander et la Mamma, Georges-J. Arnaud, Fleuve noir, Espionnage n°877, 1971, 234 pages

* « Michel Gourdon dessinait les couvertures avec grand talent et donnait plus ce côté populaire que les photographies qui l’ont remplacé ».

** « À l’époque, on tirait énormément. Ça dépassait les 70.000 exemplaires, parfois les 100.000. J’ai même atteint les 150.000 avec un bouquin (…). Ça rapportait de l’argent, et si on travaillait bien, si on faisait quelque chose d’intéressant, après tout, ça pouvait être gratifiant pas seulement du point de vue de l’argent.« 

On le comprend : « le roman d’espionnage, méprisé au départ par G-J. Arnaud, et adopté par défaut pour des raisons [bassement] matérielles, va finalement lui permettre d’exprimer une colère [de gauche, une rancune qui grossissait comme une tumeur depuis de Gaulle] rentrée vis-à-vis d’une société dans laquelle il vit.*

Alors évidemment, il ne va pas se faire que des amis. Si un Jean-Paul Schweighauser le qualifie de grand maître de l’espionnage, un Gabriel Véraldi lui assène la double formule de dépourvu de talent et d’ignorant tout du monde secret. Je vous laisse deviner vers qui, nous, amateurs de « ce genre que nous aimons » penchons.

Le polar, en revanche, est chez lui le plus souvent français et prétexte à critiquer sans concession la société en prenant pour personnages des héros du quotidien courageux ou lâches, victimes ou bourreaux mais chacun ayant sa part d’ombre**. On peut citer Bunker parano, La Recluse, Spoliation (voir plus bas), La Maison-piège, Le Coucou dans lesquels la maison joue un rôle particulier d’arche, d’asile, de refuge ou de lieu inquiétant, dangereux, voire maléfique. Le thème de la fuite (Le Pacte), le pouvoir (Tatouage, Basse besogne), la critique du capitalisme à travers les multinationales (Plein la vue), l’identité (et son vol : Les Imposteurs) sont aussi récurrents dans son œuvre.

* ALFU, Le contre-espionnage de Georges-J. Arnaud, in Le Rocambole, pages 29 à 48

** Henry Yvon-Mermet in DILIPO (pages 94 à 96)

« Un Arnaud » sinon rien

C’est à ça qu’on les reconnaît. À cette faculté qu’ils ont de dire « un Arnaud » pour parler d’un roman de Georges-J Arnaud d’après Serge Brussolo*. Un auteur de chez la vieille dame de Gallimard se souvient de son entrée chez Gallimard car on entre à la Série noire comme dans les ordres (et on se défroque parfois ou on monte en tiare dans la blanche) et on se souvient de son premier Arnaud comme d’un moment d’étonnement, d’un souffle coupé par ce souffle narratif. Moi, ce fut La Compagnie des glaces (98 tomes), c’était un temps que les moins de vingt ans peuvent encore connaître puisqu’elle n’a cessé d’être republiée, voire même de s’étoffer avec La Compagnie des glaces, Nouvelle époque (Fleuve noir – 24 tomes). Cette forêt saga de science-fiction m’a d’abord caché l’arbre noir du travail d’Arnaud. Je ne l’ai découvert que plus tardivement et je me suis mis alors à collectionner les Arnaud (voir illustration). Et à en lire. Difficile de faire alors l’exhaustif devant cette titanesque bibliographie aussi ai-je décidé de ne vous présenter non pas un mais deux Arnaud parmi tant.

* Présentation de Serge Brussolo, Georges-J. Arnaud 1, Le Masque, Les intégrales, 678 pages, 2003 (comprend cinq romans : Un petit paradis, Chiens écorchés, Plein la vue, Profil de mort, Noël au chaud)

Deux Arnaud pour la route

Spoliation est un roman tendu entre folie et cynisme. Une reconnaissance indexée sur le prix du pain déchaîne des passions, même 50 ans après les faits.

Daisy Rivière, une vielle femme, veuve, mère de jumeaux, comprend, en entendant du bruit dans la partie condamnée de son appartement, que quelqu’un vient de s’introduire et de s’installer. Inquiète, elle croit qu’il s’agit du retour de la famille juive qui vivait là du temps de l’occupation où son mari fit fortune. « Comme elle les avait aimés, ces jumeaux (…) [b]ébés sous l’occupation allemande bien sûr, au temps où l’on ne trouvait presque plus rien à acheter, mais Paul [Rivière, son mari] se procurait tout ce qui était nécessaire, et même le superflu. » Le passé est de mise. Les jumeaux la méprisent. Daisy, pense son fils, « a toute sa tête, seulement son grand défaut c’est de ne pas avoir une tête de Rivière. » Elle a mis [rajoute sa fille] le doigt dans un engrenage dont elle aurait dû se méfier, celui du remords. »

Spoliation, Georges-J. Arnaud, Fleuve noir, 2000, 167 pages

Daisy s’inquiète, les jumeaux aussi. Mais pas pour les mêmes raisons. Spoliation est un roman noir qui annonce la couleur rapidement, reléguant le suspense derrière l’intrigue, la solution après les problèmes. Ce qui compte ici, c’est d’entrer dans l’esprit de la culpabilité et de cerner celui de l’envie. La leçon de l’Histoire en quelque sorte.

« – Si tu veux, demain, on pourrait aller au cinéma (…). Il y a le film Le Poulpe qui vient de sortir. »

Georges-J. Arnaud ne pouvait pas ne pas participer à l’aventure poulpesque. Il fait allusion dans Spoliation en 2000 au film de Guillaume Nicloux. Il vient en effet, deux ans auparavant, en 1998, de livrer L’Antizyklon des atroces sur la même époque historique développée dans Spoliation et ses mêmes affres, à savoir bien fermer les yeux pour gagner de l’argent. En ces temps où l’Allemagne occupait la France, certains crurent bon de l’aider dans toutes ses demandes, voire les devancer, pour bâtir ce nouvel ordre européen. Aussi l’industrie chimique française se mit-elle à fabriquer du Zyklon B pour gazer « autre chose » que des poux. C’est écrit dans le Libé aujourd’hui et la veille dans Le Monde. Au bar de la Sainte Scolasse, Gérard l’ignore, le découvre et n’y croit pas. Gabriel Lecouvreur le savait et le lui explique. Évidemment ça gratte, ça pique un peu. Et la démangeaison devient urticante quand un homme se présente avec sa petite cagnotte de 67 000 francs (hé oui) pour demander au Poulpe d’enquêter sur ce que Jules, un ami, lui a dit : une cargaison de Zyklon B a été détournée et n’est jamais arrivée à destination de l’Allemagne. Ce qui n’a pas empêché la mort de toute la famille de l’homme à la cagnotte. Le Poulpe fait ses valises, enfin, façon d’écrire, car il part pour l’Oise. A Bresles. Le foyer de Doriot. Histoire de gratter ce qui démange…

L’Anticyclone des atroces, Gerges-J. Arnaud, Le Poulpe, 1998, 134 pages, 139 francs (sic)

L’Histoire peut-elle repasser les plats ? Se condamne-t-on à la revivre quand on l’ignore ? Va savoir. Mais du moins, dans celle-ci d’histoire, il y a un loup car au fur et à mesure que Le Poulpe s’approche des témoins de l’histoire, on les assassine. Un Poulpe efficace, dans la veine de son combat contre la bête immonde, rythmé, aux dialogues incisifs et percutants, Arnaud, comme à son habitude, tranche dans le vif en apposant sa pierre à l’édifice.

De toute manière, l’édifice, il l’a construit tout seul. Son monument, c’est son œuvre, sa « mosaïque gigantesque » (Michel Lebrun). « J’accepte d’être défini comme un auteur de roman populaire. » affirmait-il. On le croit sur écrit.

À noter : l’œuvre de Georges-J. Arnaud est en grande partie éditée au Fleuve noir. Elle est actuellement en passe d’être rééditée par az éditions, une « resucée » éditoriale de French pulp éditions. On peut/pourrait s’en féliciter mais une odeur de soufre monte aux narines d’auteurs lésés par la direction de ces deux boîtes. Faute ou bêtise ? C’est vous qui lisez, c’est vous qui voyez.

Auster (Paul)

« Il s’agit bien d’une trilogie policière, à New-York ».*

Vali Izquierdo

uster, c’est du roman noir en substance, à l’état brut. Pas toujours exploité mais toujours présent. Toute l’œuvre d’Auster a cette particularité, cette trace d’identité qu’on laisse, qu’on cherche, qu’on fuit. Cette manie de nous décrire le monde tel qu’il est ou tel qu’il risque de devenir, ou tel qu’il est devenu sans que nous nous en soyons aperçus. Lire Auster, c’est s’adonner à une révélation : être soi et un autre, à l’image de 4 3 2 1 cette biographie multiple d’un même homme qui prend quatre chemins de sa vie. Et on se dit, j’aurais pu être cet homme. Ou cet autre. Voire celui-là ou celui-ci. Tous, en fait.

* Marc Chenétier, postface de Trilogie new-yorkaise, Paul Auster, Actes Sud, Babel n°32, 1991, 444 pages, 9€70

« Rien n’est réel, sauf le hasard. »

Ça démarre par un coup de fil. Un coup de téléphone qui sonne dans le vide et auquel un homme répond sans savoir pourquoi il décroche. La Trilogie new-yorkaise débute ainsi, par Cité de verre. Quinn, auteur de série noire, qui écrit sous pseudonyme (comme le fera plus tard Paul Auster sous le nom de Paul Benjamin avec Fausse balle – voir lettre F) se trouve alors imbriqué dans une aventure aussi étrange que sa manie de marcher sans but dans la ville si ce n’est, peut-être, celui d’oublier la mort de sa femme et son fils. En répondant à cet appel à l’aide, il se fait passer pour un certain détective du nom de… Paul Auster. Vous suivez ? Jeux de miroirs sur l’identité, ce premier tome a une grande qualité, il vous impose de plonger dans le suivant (Revenants) qui possède la même qualité vous entraînant dans le troisième (Chambre dérobée). C’est en fait, selon l’auteur, la même histoire à des étapes différentes de la conscience qu’il en avait en l’écrivant. C’est somptueux, déroutant et cela pose plus de questions que cela n’apporte de réponses (là encore). De la littérature en fait. L’identité est en perpétuelle évasion et quand nous croyons la tenir, la saisir, elle s’échappe pour se reconstruire ailleurs, en quelqu’un d’autre que nous poursuivons de peur de nous perdre définitivement. Et tout recommence, Encore et encore. L’Histoire est un salmigondis d’histoires, la réalité une malversation de fictions, le miroir une déformation de notre image, le reflet d’un mensonge.

« New-York, l’intersection des destinées »

Et ce ne pouvait se passer qu’à New-York. Évidemment. On cherche à New-York. Et parfois on trouve dirait Westlake (voir plus bas à Aztèques Dansants). Mais pas toujours avec Auster. Car il faut savoir se perdre pour connaître une ville. Particulièrement New-York, cette cité de verre dans laquelle il faut errer, abandonner de petits cailloux blancs, tracer des fils labyrinthiques, crible[r] le chaos, trouver une lueur de cohérence, une lumière de coïncidence, un esprit de connivence. Tout est donc possible. Si Quinn dans Cité de verre se fait passer pour Paul Auster, le troisième, le narrateur de Chambre dérobée, après avoir épousé la femme et adopté le fils de l’auteur, affirme avoir écrit ses deux premiers livres qu’il lui avait confiés afin qu’il en assure le destin. Et entre les deux faussaires d’identité, nous tombons sur Blanc, Bleu, Noir. Le premier demandant au deuxième de filer le troisième.

L’énigme est totale et futile. C’est tout là l’art de la narration de Paul Auster. De passer à côté de soi pour mieux se regarder. Essayez, vous verrez, vous serez un autre.

On peut, évidemment (j’aime beaucoup cet adverbe) lire tout autre livre d’Auster, autre que sa trilogie, tout est bon (je ne dis pas comme dans le cochon car j’ai un peu de mal avec les pieds de porcs n’en déplaise à JB Pouy, c’est gras et cartilagineux, voilà c’est dit).

Avis déchéance

Vali Izquierdo

ah zize m’a-t-il dédicacé sur la page de garde (voir illustration) et sa maman !! de son premier roman (à ma connaissance). Je ne sais plus pourquoi il a écrit ça, ce facétieux Mouloud Akkouche.

Avec un bic bleu, sans doute de couleur jaune. Une revanche sur la plume que l’on devait savoir manier avant que d’avoir le graal de la modernité entre les mains. On ne s’est pas connu à l’enfance mais c’est tout comme. Tous les deux nous pariions sur notre âge dans le fond d’un verre d’eau Duralex (« Je scrutai le fond de mon verre comme à la cantine de l’école primaire et lus le nombre gravé : 15. »), nous faisions tourner le pichet pour savoir qui l’anse allait désigner pour aller le remplir et nous nous jetions sur ce ménélik (voir illustration), ce gâteau en chocolat, bien loin d’imaginer qu’un jour ce serait le pseudonyme du rappeur Albert Tjamag.

Dans ces années-là, on était tout de même loin d’imaginer qu’il pouvait exister autre chose de musical que la variétoche des Maritie et Gilbert Carpentier invitant les Joe Dassin, Julien Clerc et autres Johnny (et je ne vous fais que les J). Car déjà nous louchions sur le passé des années rock des seventies, Jethro tull, Janis Joplin, Jimi Hendrix (même punition). Trentenaires, nous avons trinqué à l’aide d’autres liquides, nous sommes tutoyés deux secondes au karaoké de Zebda : « Toulouse, Toulouse ! Oh la ville ro-seu ! » Puis la vie sépare ceux qui s’apprécient (on se calme ! ce n’est pas un coming out, je n’ai pas dit/écrit ceux qui s’aiment, c’est juste pour montrer que j’ai des références musicales, c’est tout). Loin du cœur mais près des yeux, j’ai suivi sa trace noire et, à la lecture de son dernier enfant, Le Donneur (voir lettre D), j’ai eu envie de relire Avis d’échéance. Et bien m’en a pris.

Avis déchéance, Mouloud Akkouche, Gallimard, Série noire, 1998, 245 pages

Le meilleur portrait de l’héroïne, est fait par l’attitude de celui qui lui obéit, Gauthier qui voudrait être « caniche à la palce du caniche » (page 47) : « Sa façon d’éviter soigneusement de croiser mon regard, de chercher ses mots avant de m’adresser la parole, ses toussotements embarrassés, témoignaient de sa gêne à être dirigé par une femme. Comment raconter à ses potes de promo qu’il s’était fait former par une femme, et pour corser le tout : une Arabe. » (page 25) Et le double de Nassima Benarous (une sorte de conscience qui ne la rate pas), commissaire principale, d’ajouter : « Khabyle« . Sous-entendu, pas Arabe. Nuance.

L’enquête porte sur la mort d’un Portugais, gardien de sécurité dans une boîte, Euro-Plus, chargée de la protection des sites industriels et des stars de la chanson et du cinéma pendant leurs tournées, du convoyage d’œuvres d’art et d’objets précieux à travers l’Europe et qui se spécialise dans la télésurveillance. Elle est entrelacée d’un autre fil narratif, celui de Manu, un toxico, qui s’enfuit d’un bonheur infernal promis aux adeptes d’une ferme biologique.

On le pressent qu’il y a là de quoi retourner le couteau dans la plaie. Et le plus amusant au départ, c’est que Nassima n’y croit pas : « une suite de doléances sans intérêt pour l’enquête », « ne vous égarez pas », Si on doit tenir compte de tous les racontars… » et sait faire, faussement déférente, le dos rond : « – D’accord, Monsieur le divisionnaire, je vais voir dans cette direction. » (page 103)

Cependant, après le mari, c’est la femme qu’on enlève et qu’on suicide :  » En à peine quarante-huit heures, l’existence d’un gamin venait d’être amputée de l’essentiel. Si Dieu avait bossé six jours pour créer le monde, il avait été beaucoup plus rapide pour pourrir la vie de ce gosse.  » (page 88)

« Ça me paraît vraiment trop gros » (page 101). Ça cache quelque chose à l’image d’une façade de maison « bouffée par le lierre comme le visage d’un militant du FIS par la barbe… » (page 73). À manier le rasoir, Nassima va devoir faire attention à ne pas se couper, d’elle, de sa famille, de ses racines, de ses convictions. Et apprendre à slalomer : « Cette affaire a commencé il y a à peine plus d’une semaine (…) et nous avons déjà quatre morts. À ce rythme-là, Batreuil va subir une baisse démographique galopante. » (page 188)

« Le mot est la patrie du déraciné »

Mouloud Akkouche « est un écrivain, un vrai« . Mais contrairement à Jean-Bernard Pouy, à qui j’emprunte la formule attribuée à Jacques Jamet (tu te souviens de Jacques Jamet, Mouloud ?) dans la préface de Pourquoi mourut Ulysse Ultimo (La Loupiote), page 11, « ça » ne « m’arrache » pas « la gueule d’écrire ça« . Puisque c’est vrai.

Il émane de son écriture la fluidité du ruisseau frais de montagne, l’âpreté d’un muscadet terreux pris à l’ombre d’une terrasse d’un été lent, le vif du fil d’un couteau sur la chair de la communication humaine, la volonté juste de juste remettre les choses à leur place, les coupables au ban, l’origine au cœur, les hommes au centre et la nature partout mais pas de côté. Bref, c’est bien écrit.

Diplômé du BEPC, c’est vous dire s’il doit à l’école républicaine, Mouloud Akkouche ne s’est pas arrêté en si bonne route (de Bauliac – Baleine). Alors, évidemment (pff…), on peut en rajouter une couche avec Les Ardoises de la mémoire (SN, Gallimard) où l’on retrouve Nassima ou masculiniser ses lectures avec Causse-toujours (Le Poulpe) ou les moderniser avec Le Donneur. C’est vous qui lisez.

Aztèques dansants

Vali Izquierdo

New-York, encore et toujours, décidément (ça change d’évidemment), tout le monde cherche quelque chose. Tout le monde court après quelque chose. En l’occurrence, une statuette en or massif avec des yeux en émeraude : un Prêtre Aztèque Dansant. « Un million de dollars ? (…) Pour une statue en train de chier ? » (page 74). Le problème, c’est qu’il est camouflé parmi 16 statuettes, dont 15 sont en plâtre, planquées dans une caisse marquée par un A. Elle doit être récupérée par Jerry mais l’intermédiaire confond les A et les E. Et la caisse arrive dans les mains d’Oscar Green qui distribue les 16 statuettes aux 16 membres du Comité du sport pour tous. Alors évidemment, tout le monde court après la statuette : les malfrats qui devaient la récupérer, Jerry le livreur qui a compris qu’il y avait de l’argent à se faire, Wally l’amant de sa femme qui a entendu, planqué dans l’armoire, toute l’histoire.

C’est grandiose et jouissif. Et je pèse non seulement mes mots mais mes lettres. Pierre Lemaitre a dit, dans son DAP, tout le bien qu’il pensait du grand Donald dont le prénom ne peut que nous inciter à croire que ce qu’écrivait Michel Lebrun (sur la quatrième de couve) : « Le temps est venu de prendre les comiques au sérieux, et Westlake est le plus grand de tous. » Et il est grand temps pour ce livre qui date de 1976 (édition originale) et 1994 (édition française de Rivages). Le temps ne fait rien à l’affaire : elle est toujours hilarante. Certes New-York a dû changer, les références culturelles demandent quelques recherches (mais qui a dit que rire devait être facile ?) mais ça fonctionne toujours et les clins d’œil au lecteur sont toujours aussi novateurs : « Résumé de notre histoire. » (page 144), « Tout le monde a beaucoup couru, mais le moment est venu de ralentir. » (page 218) et encore, à la fin : « Mais la vraie statuette. Où est-elle ? » (page 441)

Aztèques Dansants, Donald Westlake, Rivages/Thriller, 1994, 443 pages, 139 francs (sic)

« … tous ensemble maintenant… ! » (page 10)

Et des trouvailles, non mais lisez-moi ça : « … il observa Jerry et Mel de la tête aux pieds comme s’il était le roi, et eux des lits mal faits. » (page 26) et ça : « La nation sud-américaine baptisée Descalzo, enserrée par la terre, est perchée en haut de la Cordillère des Andes entre la Bolivie et le Pérou ». Elle est dirigée par « un président qui s’est auto-proclamé président à vie en 1949, après le malheureux accident fatal qui coûta la vie à son prédécesseur, tombé malencontreusement d’avion. » (page 29). Et quand Bobbi quitte son mari (avec sa statuette, celle de Chuck est cassée, donc en plâtre), elle balance toutes les affaires de Chuck par la fenêtre (ils ne vivent pas au rez-de-chaussée, évidemment) sauf son peignoir qu’il porte sur lui : « – Passe-moi ton peignoir. – Mon peignoir ? – Donne-le moi. (…) – Tu veux prendre une douche ? – Donne-moi ton peignoir Chuck. » Alors que va faire Chuck ? « Perplexe, il le lui tendit. »(…) Et que va faire Bobbi ? « Elle prit le peignoir (…) ouvrit la fenêtre et [le] balança (…) dehors. (…) – Adieu, Chuck, dit-elle. » (page 97) Chuck se retrouve seul et nu quand on rentre chez lui pour venir récupérer les statuettes…

Et ça continue.

« Tout le monde possède une longue tradition de méfiance vis-à-vis de l’autorité (exception faite des Allemands, évidemment) ». (page 377)

Facétieux : « Que faire ? S’introduire dans la bibliothèque ? Il ne savait pas même pas comment faire, il ne s’était jamais introduit nulle part, sauf dans les femmes des autres… » (page 119).

Sentencieux : « La bière, elle ne vous appartient pas, elle ne fait que passer. Où sont les chiottes ? » (page 135)

Desprogien : « Les nègres n’étaient-ils pas censés se pousser du haut des toits ? » (page 157)

Agent immobilier (page 202) : New-York est une maison, Manhattan le salon, Brooklyn et le Queens les chambres, le Bronx le grenier, Staten Island le jardin de derrière, Long Island le garage indépendant, Hudson County le sous-sol, les marais du Jersey les toilettes, Wetchester le bureau, le Connecticut la chambre d’amis et Albany la cuisine…

Désespérant : À quelqu’un qui confie sa solitude au téléphone, « – Désolé, je me suis trompé de numéro. » (page 243)

Cassant : « La serveuse, une jolie fille enrobée qui avait demandé au salon de coiffure local de faire des miracles pour que sa chevelure ait l’air d’une perruque bon marché… » (page 335)

Et quand on croit tenir LA statuette, le Prêtre Aztèque Dansant en or massif avec les yeux en émeraudes : « Ce n’est pas le bon, il est en plâtre. Hein ? Et oui, c’est une copie, il n’est pas du tout en or. (…) Quelqu’un s’est trompé. » (page 355)

Ça n’arrête jamais.

Les notices Auxquelles vous avez échAppées, enfin, presque

Évidemment. J’aurais pu mettre de nombreuses autres occurrences, j’ai hésité, j’ai décidé.

J’aurais pu parler de Aarons (auteur ricain) presque incollable dans la course à l’ordre alphabétique, mais quasi perdant systématique dans celle désalphabétique, mais sa notule dans le DILIPO (voir D) [de Claude Mesplède (voir M ou P comme Pape du polar qui comprendra aussi une occurrence sur Michel Lebrun et ses Almanach du crime )] : « apologie de la politique extérieure américaine », « commentaires moralistes et pseudo-philosophiques », « la fantaisie n’est pas son genre » (page 27), l’a quelque peu desservi. De même pour ADG mais je n’avais pas envie de le (re)lire.

J’aurais bien aimé

…y mettre Abbey mais j’ai choisi d’en parler à la lettre G comme Gang de la clef à molette (Le). Évoquer Aubert Marie-Caroline ou Amalric Hélène aurait été intéressant mais elles devront s’effacer sous la collection dont elles s’occupent.

… dire mon admiration pour L’Agneau de Christopher Moore (dont je parlerais à M ou à H comme humour, si vous voulez mon avis, vous voulez mon avis, hein ?).

… avouer ce que je dois à Actu du noir (de Jean-Marc Laherrère) mais c’est à venir avec le B de blog.

… reparler de Claude Amoz que j’ai récemment mise en avant avec ses ZAD.

… évoquer l’Alphabet littéraire de Sue Grafton mais je vais garder ça sous le coude pour Les calendres de l’avant de Noël 2022.

Alors comme ça on oublie…

Des lecteurs attentifs, des lectrices pointilleuses m’ont signalé quelques oublis dans ce CDAP. Ha bon ? Il y en a ? On ne peut pas être partout. Mais on peut s’amender. Honorablement. Ce que je fais, là, maintenant : dans les Armes du crime, j’ai oublié le soutien-gorge ! Un anonyme lecteur qui signe JHO me signale que Jean-Hugues Oppel dans 36ème dessous a, dans une nouvelle, donné à son meurtrier cette arme singulière (taille 95, bonnet B) répertoriée, s’il vous plaît, par Michèle Witta de la Bilbipo (voir à B), dans la section Armes et procédés dans les Crimes de l’Année… Un concurrent de la cravate, cet outil masculin, que ce pendant féminin au genre masculin, vous l’aurez remarqué.

À SUIVRE… (tous les premiers du mois)

Avec au menu (sous réserve des places disponibles et de l’arrivée de produits frais et Biologiques) :

Le B par PL : ses coups de cœur, de plume, de griffe et de brume…

Et le B de FB avec, pressentis sans garantie : Baronian / Battisti (L’affaire) / Bête et la belle / Bialot / Bible / BILIPO / Block / Blogs / Boury / Boyle / Brève histoire du roman noir / Bruen

François BRAUD

papier écrit en écoutant (notamment) Quelqu’un a touché ma femme d’Arno (évidemment)

26 réflexions sur “Contre dictionnaire amoureux du polar / Lettre A (partie 3)

  1. Salut l’ami, C’est un boulot de dingue auquel tu te consacres. Mais comme c’est passionnant ! La compagnie des Glaces et GJ.Arnaud (Perso j’en suis au tome 18), incontournable ! Et que dire d’Aztèques dansants, le roan le plus drôle que j’ai lu, je crois. Par contre, Christopher Moore, il va falloir que je découvre. Merci pour tous ces conseils. Amitiés

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    • Merci. Oui, c’est un projet à très long terme et chronophage : il demande bcp de lectures, de recherche de renseignements. Mais tes encouragements m’aiguillonnent à continuer. Merci. Et veinard, tu vas découvrir Moore… C’est déjanté, pas autant que le Serge chez Tim Dorsey, quoique… Amitiés. François

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