Contre dictionnaire amoureux du polar / Lettre A (partie 2)

Ce projet de « Contre dictionnaire amoureux du polar » (CDAP) est un projet à long terme, très long terme. Il se veut un hommage critique au Dictionnaire amoureux du polar (DAP) de Pierre Lemaitre (Plon), lauréat du trophée 813 Maurice Renault récompensant un ouvrage mettant en avant « le genre que nous aimons ». J’ai relevé le défi de bâtir un contre dictionnaire au sien, un codicille ou plutôt un complément, pas qu’une exégèse ni qu’une critique. Ni éloge, ni hagiographie, ni panégyrique, mais pas non plus de pamphlet, de satire, de diatribe. Juste une petite porte entrouverte par l’auteur dans laquelle je me suis engouffré :  » Il y aura des oublis impardonnables, des injustices criantes, des jugements contestables, c’est inévitable : c’est un dictionnaire de ce que j’aime, et encore n’ai-je pas pu mettre tout ce que j’aime » (introduction, page 11). J’ai donc relevé la gageure de combler, de réparer, de contester et, inévitablement, de construire le dictionnaire de ce que j’aime, et encore, sans pouvoir y mettre tout ce que j’aime et avec une difficulté supplémentaire, c’est de ne pas pouvoir (vouloir) revenir en arrière une fois la lettre publiée (pas de vision générale avant la fin). Ce sera le CDAP d’un critique mais aussi celui d’un éditeur (La Loupiote), auteur, directeur de festival (du polar à La Roche-sur-Yon – 85), rédacteur d’une revue (Caïn) et de tous ses souvenirs. Ce sera avant tout le CDAP d’un hannibal lecteur. Chaque lettre donnera lieu à deux parties : une critique des entrées de Pierre Lemaitre et un développement de celles qu’il aurait pu/dû y mettre. Voilà. L’hommage est sincère mais la langue n’est pas de bois. Le maître me pardonnera. FB

Lettre A

(2ème partie)

Rappel A (1ère partie)

Après avoir passé en revue les troupes du A de Pierre Lemaitre (PL), son coup de cœur sur Lehane via Christie et son roman Le meurtre de Roger Ackryod, son coup de plume sur American psycho de Brett Easton Ellis et son coup de griffe sur le film qui en a été tiré, le coup de corne de brume sur Autobiographie d’un tueur de Ryck et sur Ambler, le blogueur que je suis, François Braud (FB) a glosé sur ce défilé en proposant qu’on y ajoute : L’ABC du métier (cet abécédaire fourmillant de Jean-Bernard Pouy), quelques camions citernes d’Alcool qui troublent le genre et un ALIBI en béton avec la revue dont nous aurons tous besoin un jour.

LA suite, vite !

Il me semble que PL aurait pu/dû mettre un sérieux coup de corne de brume sur Meckert/Amila

Amila (Jean Meckert, dit Jean Amila)

Jusqu’à plus soif (Série noire, n°713, Gallimard)

Vali Izquierdo

la guerre comme à la guerre. Jean Meckert (1910-1995), dit Jean Amila va devoir s’accommoder de la réalité même si elle ne lui pas souvent souri. Une enfance marquée par un père qui s’absente, désertant les tranchées en 17, puis quittant le foyer familial dans la foulée et entamant une procédure de divorce. Un enfance marquée par une mère qui s’oublie ; ne supportant pas la situation, elle est internée. Voilà le petit Jean placé à l’orphelinat (cette base d’une enfance marquée par le manque est au cœur de la Série noire Le boucher des Hurlus – voir plus bas). Il grandit tout de même. Ouvrier mécanicien puis employé de banque, il perd son travail à cause de la crise de 29, il multiplie les petits boulots, il est mobilisé en 1939, il commence à écrire (« Les coups« ) mais ne connaît aucun succès malgré son entrée fracassante dans le monde des lettres (Stéfanie Delestré, Hervé Delouche) en 1941 saluée par la reconnaissance de Queneau, Martin du Gard et Gide. Il rejoint la résistance en 43, l’année parution du son deuxième roman (L’homme au marteau). Il se consacre entièrement à l’écriture. En 1950, Marcel Duhamel lui demande d’écrire une Série noire, ce sera Y a pas de bon dieu ! qu’il signe… John Amila. Il continue par la suite jusqu’en 1964 mais se mure dans le silence jusqu’en 1969. Avait-il compris, qu’en Série noire, ce que voudrait dire Meckert, Amila ne le pouvait pas ? Il se remet à réécrire et publie en 1971 La vierge et le taureau (Presses de la cité) pour protester conte la politique nucléaire française dans le Pacifique (il s’y installe pour y vivre même). Mais en 1974, il est victime d’une agression qui le laisse quasiment pour mort, sans doute parce qu’il a, dans ce dernier roman, trop fouillé accusé dénoncé services secrets et polices parallèles (c’est du moins ce que soutient Stéfanie Delestré actuelle directrice de la Série noire, dans sa thèse de DEA). Il revient, avec peine et force, à l’écriture en 1981 et le succès, la reconnaissance ?, commence à lui lécher les doigts (Au balcon d’Hiroshima – ce sera son dernier livre ! – en 1985 obtient le Prix mystère de la critique). Il meurt en 1995.

La plupart de ces éléments biographiques proviennent de la bible du polar écrite par le pape du polar (Habemus papam) – et ses évêques – qu’était Claude Mesplède (qui avait succédé à Michel Lebrun) : Le dictionnaire des littératures policières ou DILIPO (Joseph K.) – voir lettre D – mais aussi de la préface des romans de la collection Arcanes de Joëlle Losfeld, dans laquelle Stéfanie Delestré et Hervé Delouche republient les œuvres de Jean Meckert et des articles de Nicolas Chevassus-au-Louis de Médiapart.

C’est sans doute un des auteurs les plus intéressants et les plus méconnus du grand public. Il mériterait d’être au niveau de la postérité d’un Léo Malet, voire au-delà. PL ne parle pas de Jean Meckert dans son DAP ou il le confond (pan sur le clavier !) :  » Un premier symptôme des futures vilaines pratiques de la collection [de la Série noire] se constate lors de la publication du premier auteur français, Jean Meckert. Pour la « Série noire« , il s’appelle Terry Stewart et son roman, La mort de l’ange [Série noire n°18, en fait, c’est La mort et l’ange, repan sur le clavier], est censé être… traduit de l’américain. «  (page 645) L’auteur dont parle PL est en fait Serge Arcouet. Jean Amila/Meckert est un auteur majeur, de par ses thèmes, sa fluidité d’écriture, sa vie qu’il a soupoudrée dans ses romans, ses prises de position. Souvent, au cœur de ses romans, l’auteur installe « un homme droit mais seul, réfractaire aux embrigadements en tout genre, écrasé par la société quand ce n’est pas sacrifié pour la cause, qui recherche la pureté mais échoue.« *

* Préface de Stéfanie Delestré et Hervé Delouche à Nous avons les mains rouges, Joëlle Losfeld, Arcanes, 2019, 309 pages, 12€80

Les débuts dans la blanche

Selon Nicolas Chevassus-au-Louis de Médiapart, Jean Meckert aurait écrit à Georges Duhamel en 1939 : « Je me permets de vous écrire pour vous demander conseil. Voilà : j’ai 28 ans et rien ne m’a préparé à écrire des livres. J’ai quitté l’école après le certificat d’études primaires. J’ai travaillé la mécanique puis dans les bureaux. Puis j’ai échoué finalement par le chômage dans les 36 métiers et la misère. Malgré cela, j’ai écrit un petit livre, un livre de revendication. J’ai quelque chose à dire qui me dépasse, et qui dépasse le monde entier. » Georges Duhamel va répondre à Jean Meckert, ce qui va sans doute encourager le prolétaire de la plume. Il publie Les coups (1941) puis L’homme au marteau (43), La lucarne (45), Nous avons les mains rouges (47). Ce dernier cité fait partie des 8 romans réédités par Joëlle Losfeld dans la collection Arcanes grâce au (remarquable) travail éditorial de Stéfanie Delestré et Hervé Delouche, qui publient le magnifique roman La marche au canon, refusé par Gallimard autrefois. La guerre de 40 qui ressemble presque à la drôle de guerre, du moins en a-t-elle pleinement l’adjectif, racontée par un de ceux qui l’ont vécue.

Tu payes un canon ?

Le mobilisé Meckert, un parmi les z’héros, y décrit avec la justesse de désarroi et l’indicible destin : « Un jour, le canon a grondé. Un premier coup a secoué l’horizon. De tressautement local en pâleurs concentriques, on nous a dit : c’est la guerre ! » Alors on lève le coude : « Et on trinquait, et on sifflait. On prenait les verres à gauche, les bouteilles aux casiers. Porto, Picon, banyuls, et Byrrh, Rapahël et pastis. Partout, par tonnes. Partout, par tonneaux, par casiers, par bidons. Tout était à prendre ! » Et puis à peine était-ce commencé que déjà ça finissait : « On s’en foutait ! C’était la retraite, et partout, partout dans la vallée, des fumées montaient et ça détonait à coups sourds. C’était la fin des Q.G., la fin des intendances. » Désorientés, les soldats ne savent pas quoi faire, où aller, qui suivre. « Au soleil couchant on longeait une route, et sur la route il y avait des gens qui, aussi, détalaient. » C’est le grand détalement : « On n’y comprenait rien à leur guerre ! » Alors on finit par aller à gauche. En Suisse ! « C’est à dix kilomètres ! » Avec La marche au canon, chacun pourra éprouver la condition ridicule de l’humain balloté comme un pion sur un échiquier fou, à la valeur de « quelque chose d’insignifiant, de négligeable, qu’on [peut] tuer comme un moucheron ou une fourmi ! » Avec comme écho l’actualité qui tourne depuis le jeudi 24 février 2022, deux jours après avoir rêvé d’un jour palindromique, aujourd’hui on ne lit plus rien quelque que soit le sens qu’on n’y trouve pas.

En 1947, Jean Meckert publie Nous avons les mains rouges à la nrf. Il écrit, chose plutôt rare, sur la résistance à chaud. Il en a été un des acteurs, il a « fait la Résistance quand la Résistance était à faire » dans l’Yonne. « La libération (…) pour quelqu’un qui l’a vécue comme moi, qui en a vécu les à-côtés, c’est aussi quelque chose d’abominable. L’épuration… on n’était pas venus au maquis pour ça… Les martyrs non plus. On a vite retrouvé la petitesse. »

1972, in Polar n°16 (Rivages)

Laurent sort de prison et préfère qu’on ne lui pose pas de questions (qui prend « toujours l’aspect d’un crochet de boucherie (…) avec sa charge de cadavre. ») est « recueilli » par d’Essertaut, le patron d’une scierie et d’une petite entreprise (« il ne ferait pas de mal à une mouche ») de justice : « La guerre fait une effroyable consommation d’innocents » et « c’est ce sang innocent répandu sur nos mains qui nous porte à présent à déceler l’odeur de pourriture. » Des expéditions sont alors menées pour ne pas « céder (…) au dégoût de la paix confisquée. » On élimine ceux qui se sont enrichis, les gras, les résistants de la 25ème heure, les puants, ceux qui jouent un double jeu, les agressifs. Laurent ne comprend pas au départ ce qui ressemble fort au fascisme mais il a déjà tué pour son « compte personnel » alors pourquoi pas pour ça ?

 » Est-il donc si vrai qu’on n’entend vivre le peuple que lorsqu’on le fouette ? « 

Nous avons les mains rouges *, réédité par J. Losfeld, a reçu le prix Mémorable (des libraires Initiales) et c’est justice tant ce roman permet de cerner l’immense qualité de l’écrivain Meckert, celle de mener de front deux soucis : coller à l’époque par le bas et la décrire par le haut. S’il y a du Céline en lui, comme l’écrit Christine Ferniot dans l’express (en 2005), il a lui l’élégance fraternelle quand l’autre a cultivé l’égarement rance. Une distance entre les deux. Humain tout simplement. « Un ouvrier qui a mal tourné » qui s’est « mis à raconter des histoires populistes » puis « noires » . Et quelle écriture !

Et contrairement à aujourd’hui où les romanciers du noir sortent de la mine pour vaquer au salon, Jean Meckert emprunte la cage pour aller au charbon en passant de la blanche à la Série noire.

* reconnu par Stig Dagerman comme un roman « qui a réussi à prouver à quel degré de désespoir la faillite des idéaux de la Résistance a pu conduire une bonne partie de la jeune intelligentsia française. » (1948, Printemps français)

Noir prolétaire

Jean Meckert entre en Série noire (en 1950) – le prolétaire rentre dans le rang -, avec Y a pas de bon dieu !Série noire n°53 – (Ha bon ? C’est fou ? Non c’est flou.) comme… traducteur (Adapté de l’américain par Jean Meckert) de John Amila.

Un groupe de ruraux (« Y a des gars qui ne demandent rien à personne et faut pas les emmerder, sans ça ils se rebiffent ») se démène pour ne pas voir ses terres noyées par un barrage. Le pot de terre est posé sur la tête de Paul Wiseman, pasteur de rite méthodiste, c’est lui qui régente. Le pot de fer est tenu à mains couillues par l’homme en blanc (« William Harold Sorodale, Irwin Andreas Sorodale, les noms des bienfaiteurs successifs du séminaire, les rois, les incontestés, les puissants… »), c’est lui qui avertit : « J’admets la religion qui sert l’ordre, pas celle qui sert l’anarchie ». Le combat est pipé puisque Paul Wiseman se confesse en prison et que la scène inaugurale voit l’homme en blanc caresser le genou du pasteur à l’aide d’un marteau.

Le roman n’est pas haletant, il a un peu vieilli, l’argot a un peu le goût du beurre laissé au frigo trop longtemps mais il met en scène, déjà, un homme qui refuse, qui se bat, qui se sacrifie et qui échoue à être pur face à une gamine de 15 ans : « Autant Jane se gèle les muqueuses, autant celle-là fait roussir la paille des chaises. » Il y a, dans ce premier roman un peu de Fantasia chez les ploucs à venir (SN n°400) de Charles Williams mais aussi un peu de l’optimisme effréné de Goodis…de L’allumette facile : « Dieu a fait les cougars et les brebis, et quand passe le cruel cougar, la sage brebis ne lui tient pas tête mais lui cède du terrain. » La sagesse de l’ordre et du pouvoir.

Jean Meckert devient alors un pilier de la SN (17 titres !), multipliant les œuvres de lutte (Motus, SN 170, Les Loups dans la bergerie, SN 473, Langes radieux, SN 763) avec un sens du titre (Sans attendre Godot, SN 310) et une rage à peine émoussée provenant de l’enfance.

Certes, il a plus de succès qu’à la blanche (une de ses séries noires, comme Y a pas de bon Dieu, atteint à l’époque, ça fait rêver, 40 000 exemplaires quand un de ses livre à la blanche peine à 2000 (La ville de plomb), mais bien peu de reconnaissance.

Fondu au noir

C’est au cours d’un voyage à Tahiti pour y effectuer des repères pour un scénario de film (à la demande d’André Cayatte) qui n’aboutira pas qu’il a l’idée d’un nouveau roman. Ce sera La vierge et le taureau (publié en 1971) sur le thème des essais nucléaires français dans le Pacifique.

« On m’avait envoyé à Tahiti pour ramener des cartes postales de cocotiers et de vahinés et j’ai découvert là-bas un peuple sans droits, pris en main par des militaires. » (cité par Daniel Margueron)

« Un sujet explosif (…) qui lui vaudra bien des ennuis« *. Les coups pleuvent. Frappé, roué, tabassé, passé à tabac, il est laissé pour mort (en 1973). Après 15 heures de coma, il en ressort épileptique, amnésique, dépendant au gardénal, dormant les 2/3 de la journée pendant des mois, à deux doigts de se foutre en l’air : il ne peut plus lire, plus écrire, a tout oublié. Il ne s’en sort que grâce aux « coups » de téléphone (cette fois-ci) de sa sœur qui lui demande, tous les jours, de raconter sa journée, l’oblige à formuler l’infra quotidien, le remet en piste dans la réalité, lui redonne le goût de vivre. Il revient à la littérature en 1981..

* Jean Meckert, dit Jean Amila, Du roman prolétarien au roman noir contemporain (Pierre Gauyat, Encrage, 2013, 350 pages, 27€), une somme !

Le retour au clavier

… avec Le pigeon du faubourg, SN 1844. Puis vient Le boucher des Hurlus, SN 1881, chef d’œuvre profondément antimilitariste (comme nombreux de ses romans : La lune d’Omaha, SN 839, Au balcon d’Hiroshima, SN 2007…).

Une bande de gosses (Aristide, Beurré, Devâme et le Môme) se met en tête de buter le sabreur général Des Gringues, qui a envoyé des milliers de poilus au casse-pipe, dont le père du Môme. Ce père Lhozier, fusillé pour l’exemple, laisse un enfant une femme harcelée par les femmes de héros : « Rien de tel que [ces femmes] pour suer la vengeance. Légalement on ne pouvait rien contre la femme et l’enfant Lhozier qui n’étaient pas mobilisables. Mais du moins on pouvait leur rendre la vie impossible, au nom de la partie. » Et une fois la mère internée, c’est la République qui accueille le môme Lhozier. Direction l’orhelinat. Il y fait la rencontre de d’autres tondus, comme lui, « comme des vrais petits soldats » à l' »école libre. Donc les droit et devoir de bourrer le mou des mômes avec d’augustes conneries, parfois plus nettement laïques et patriotardes. » Il convainc ses camarades de faire le mur pour se faire le général. Les voilà partis. Trouver à manger en se méfiant des troufions : « … quand il y a plus la guerre, les troufions ils tirent sur la foule, mon vieux. » Côtoyer des gueules cassées qui approuvent le but de l’épopée : « Ce Boucher-là, il faudrait même lui couper… sauf votre respect, Mesdames… lui couper les choses! Et les lui faire avaler à la vinaigrette. » Voyager avec Mesdames, des veuves de guerre aux corsages qui gonflent et dégonflent « comme marée d’équinoxe« . Trouver une arme pour zigouiller le boucher… Ce roman est une flèche décochée envers les puissants, la croyance en la justice enfantine, la défense d’une langue déliée qui râpe au lieu de lécher. Le Boucher des hurlus est une œuvre.

Au balcon d’Hiroshima, SN 2007 (1985) sera son dernier livre, son « testament littéraire ». Il lui vaudra « la seule reconnaissance » attribuée de son vivant : un prix, le Prix mystère de la critique (voir contribution de Didier Daeninckx plus bas). Il publiera encore un dernier écrit, sa première nouvelle : L’écluse noire en hommage à l’ancien patron de la Série noire, Robert Soulat, en 1989 (publiée au Mascaret puis à L’Atalante sous la houlette de Claude Mesplède).

Tous enfants de Meckert *

On dit souvent ce que l’on doit à Manchette. On s’affirme plutôt Chandlérien ou nettement Hammettien. Mais qui s’honore de la descendance d’un Jean Meckert ? Jean-Patrick Manchette le premier à avoir inscrit le roman noir dans la filature de la politique l’a reconnu. Certains même affirment que « Francis Ryck (voir lettre A, 1ère partie) et Jean Meckert faisaient du Manchette sans le savoir bien avant même que le néo-polar n’existât ». Manchette a déploré, en revanche d’avoir été, à sa machine à écrire défendante, à l’origine du néo-polar, dans lequel vont creuser de nombreux auteurs, enfants de Meckert. Pierre Siniac ** va mettre bas le polar dans le caniveau, le coucher dans les taudis, la vautrer dans le grotesque et poussera la misanthropie jusqu’à l’élégance de mourir sans femme ni enfant, sans que ses voisins s’en aperçoivent, ses éditeurs ne le sachent. Vautrin, l’artificier, le dynamiteur, qui a fait exploser les codes avouera sa dette à Jean Meckert. Patrick Pécherot dont le premier roman Tiuraï (Folio policier n°379) est un hommage à Jean Meckert dont il reprend le thème de La vierge et le taureau (les essais nucléaires français à Mururoa). L’auteur de L’Homme à la carabine ou André Soudy, survivant de la bande à Bonnot, de la trilogie de Les brouillards de la Butte, Belleville-Barcelone et Boulevard des branques, errant entre 1926 et 1941 dans la jeunesse de Nestor Burma, est évidemment un de ses descendants. Et Didier Daeninckx, évidemment, qui dédie La mort n’oublie personne à Jean Meckert, titre une de ses Série noire 12, rue Meckert ou invente un double de Jean Meckert (André Solga) dans le poulpesque Nazis dans le métro.

* Lire article de Nicolas Chevassus-au-Louis de Médiapart.

** Lire Sans pour sans Siniac de Philippe Lançon, Libération.

Un auteur mort, c’est un auteur qu’on ne lit plus

Outre la republication de ses œuvres chez Joëlle Losfeld, d’autres tentent de faire lire Jean Meckert. C’est le cas du festival Colères du présent, qui, tous les 1ers mai, délivre le prix AmilaMeckert. Parmi les lauréats, je mettrai en avant Joseph Ponthus (décédé cette année) avec À la ligne (2019), Jacky Schwartzmann avec Demain, c’est loin (2018), Pascal Dessaint avec Le chemin s’arrêtera là (2015), Marin Ledun avec L’homme qui a vu l’homme (2014). La sélection 2021 contenait aussi un ouvrage que j’ai particulièrement aimé et chroniqué sur BBB, Vanda de Marion Brunet (dont PL parle à la lettre E, pour Été circulaire (L’), mais n’anticipons pas).

Du roman prolétaire au roman noir contemporain, Jean Meckert, dit Jean Amila aura laissé une trace dans la littérature, un doigt sale dans la blanche, un bruit de craie sur le tableau noir, une sente serpentant et méandrant, un chemin oublié puis redécouvert par la vague néo-polar et ses représentants. Il faut lire le travail précis, concis, fouillé effectuée par Pierre Gauyat pour se rendre compte que « si l’œuvre de Jean Meckert n’est pas à l’origine de ce regain d’intérêt pour la littérature pour la classe ouvrière, il est indéniable qu’elle bénéficie de ce retour en grâce qu’elle accompagne et confirme dans le même temps ». En revanche, il n’est sans doute pas étranger « au retour en force de la Première Guerre mondiale dans la littérature dans les années quatre-vingt-dix ; mouvement que Jean Amila et quelques autres avaient annoncé et amorcé dans la littérature policière quelques années auparavant. » (Encrage, 2013, 351 pages, 27€).

Lire Meckert, c’est rendre justice à la littérature à défaut de rendre celle que l’homme et l’écrivain méritaient.

Arme du crime (L’)

Vali Izquierdo

grémenter le crime, c’est soigner l’outil. Quand on veut tuer, supprimer, zigouiller, éliminer, fumer, rayer de la planète, assassiner, effacer, faire goûter les pissenlits par la racine, envoyer balader boulevard des allongés, rétamer, faire trépasser, on a le choix des armes. Le cinéma d’Alfred Hitchcock en a mis en avant certaines, délicieuses, comme la cravate de « Frenzy« , voire le gigot dans « L’inspecteur se met à table » (« Alfred Hitchcock présente« ), tiré de Coup de Gigot de Roahl Dahl, d’autres antiques comme le caillou dans la fronde de Goliath, voire surannées comme le Python 357 Magnum, ethniques comme le casse-tête maori de Caryl Férey. Pour les armes à feu, on se référera à Jean-Patrick Manchette qui, dans « Kanonensong« , établit un cours magistral *, un petit précis d’armurerie présentant les calibres et leurs mystères pour éviter dans un premier temps de confondre la crosse et le canon voire le pistolet et le revolver (comme Cary Férey « …sachant à peine la différence entre un revolver et un pistolet et s’en fichant quelque peu…« **).

* José-Louis Bocquet in Les Armes du crime (https://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2006/08/11/01006-20060811ARTMAG90383-les_armes_du_crime.php)

** in La meilleure façon de tuer, L’Express, 2015

L’origine

Abel est le préféré de Yahvé. Son frère Caïn en conçoit un profond abattement. C’est ainsi qu’il abat son frère devenant le premier meurtrier, Abel la première victime et Yahvé le premier enquêteur, la première trilogie fictionnelle du polar. Mais de quelle arme s’est-il servie ? La Bible ne le dit pas *. Ses mains ? Je le vois bien étrangler son frère (comme la passagère d’un wagon-couchette du Marseille-Paris dans Compartiment tueurs de Sébastien Japrisot), la bave aux lèvres, les yeux injectés, le corps tremblant. Mais si ça se trouve, il lui a filé un bon coup de bâton derrière la caboche ou écrasé la gueule avec une pierre ou poussé d’une falaise accomplissant alors une chute mortelle, à la manière de Sherlock Holmes et Moriarty dans Le dernier problème de Conan Doyle tombant ensemble dans les chutes du Reichenbach. Tout ça pour finir par mourir noyé, comme Rebecca dans le roman de Daphné Du Maurier, pff… De même, dans Œdipe Roi, Œdipe qui, voulant fuir son destin incestueux et parricide, y fonce tout droit et sanguin, élimine sur sa route qui le mène à Thèbes un vieillard prétentieux sur un char qui a l’outrecuidance de lui demander de s’écarter de son chemin qui se trouve être son père Laïos. Mais comment le fait-il passer à trépas ? A coups de torgnole ? Le surine-t-il ? (Un bon coup de couteau comme dans Le Couteau de Jo Nesbo.) Un coup de bâton dans les dents ? On ne le sait. Sophocle ne le précise pas.

* Dans le Dictionnaire amoureux des Faits divers de Didier Decoin (Plon, 820 pages 2015, 24€), il est indiqué que Caïn tue Abel, selon les musulmans, à l’aide d’une pierre, page 150, mais, page 151, l’illustration d’Alain Bouldouyre le dément immédiatement. Allez savoir…

Les fées d’hiver

Détourner un objet du quotidien est souvent ce qui fait les délices frissonnants de ces faits divers que les romanciers prennent pour modèle ce qui leur évite d’être taxés de fabulateurs affabulateurs outranciers en se retranchant derrière la palissade « la réalité dépasse la fiction ». C’est comme si les fées se penchaient trop près de vous à la naissance pour vous réchauffer un soir de froid en vous berçant trop près du mur. Ou, à défaut, comme un marteau fera l’affaire Louis Ménesclou * en 1880 (en pleine République des faibles, comme l’écrit Gwenaël Bulteau où l’on retrouve un enfant décapité). Ancien mousse, le jeune homme de 19 ans a assassiné à coup de marteau Louise, une fillette de quatre ans, puis l’a découpée en plus de trente morceaux, en faisant brûler certains dans son poêle et en dissimulant les autres dans son pavillon. Il fut guillotiné la même année sans traînasser. Le fait que son frère fût fou, sa mère aussi et qu’à l’autopsie on eut découvert une anomalie propre aux aliénés remet légèrement en cause la nécessaire rapidité de la justice. Ken Bruen a eu recours à l’outil qui sert normalement à planter un clou. Dans Toxic blues, la deuxième aventure de Jack Taylor après Delirium tremens, le chef des Tinkers, gens du voyage, demander au privé irlandais de Galway, qui est depuis longtemps plus que borderline, il l’a franchie, la mousse de la Guiness aux lèvres et la poudre dans le nez, de trouver celui qui mutile et tue à coup de marteau des jeunes hommes de son clan. Vous qui entrez dans cette série, abandonnez tout espoir d’en décrocher. Addictif !

* L’Arme du crime, Gilles Reix, Perrine Rogiez-Thubert, Éditions Eska, 259 pages, juillet 2019

Le choix des armes

Au cluedo, c’est acté : chandelier, corde, poignard, revolver, clé anglaise, matraque. Mais dans l’art de zigouiller son prochain, le meurtrier de base prend tout ce qui lui tombe sous la main : batte de base-ball, ciseaux, fourchette, poing américain, hache, épingle de chapeau, carte bleue affutée, bouteille, tesson, cric, mort aux rats

Cherchez la femme affirme tout bon privé de base ou tout flic de métier. Le poison est paraît-il une arme féminine. Dans « La mystérieuse affaire de Styles » d’Agatha Christie, dans lequel apparaît pour la première fois Hercule Poirot et le premier roman de la reine anglaise du crime. Qui a empoisonné Emily à la strychnine ? Le coupable évident ne l’est plus avant que de le redevenir. Tout l’art de brouiller le thé dans la tasse finale est déjà là. Comme avec Le crime de l’Orient-Express dans lequel Samuel Edward Ratchett est retrouvé assassiné de douze coups de couteau. Et pour cause ! Le whodunit dans toute sa saveur.

Quelquefois il suffit pour fabriquer un ange d’oublier quelque chose, par exemple de mettre du liquide de frein dans le réservoir. Alix de Saint André l’avoue avant qu’on le lui demande, dès le titre : « L’ange et le réservoir de liquide de frein« . De même Yasmina Khadra ne cache rien de cette arme du crime dans L’attentat. Le docteur Amine, qui soigne les victimes de cet attentat, découvre seulement que le kamikaze qui s’est fait sauter à la bombe, comme d’autres partent acheter un paquet de cigarettes et ne reviennent jamais, est une kamikaze et que c’est… sa femme.

Avant que Sharon ne nous stone sans sa culotte, le pic à glace avait fait quelques victimes dans Les seins de glace (Someone is bleeding in english !) de Richard Matheson. L’écrivain en recherche d’inspiration se passionne pour une sulfureuse beauté nommé Peggy, que l’on repère immédiatement comme un être vulnérable ou psychopathe. Mais c’est alors qu’arrive Jim. Et dans un trio, il y en toujours un de trop, déjà qu’à deux, on s’emmerde, alors trois ? À propos de glace, Louise Penny a délaissé le banc pour la chaise. Dans Sous la glace, Cécilia de Poitiers assiste à une partie de curling, dans le public échaudé par l’enjeu mais à un tel point qu’elle est soudain électrocutée.

Mais rien de tel qu’un bon coup de flingue entre les deux yeux, comme celui qu’a reçu Viktor Palmgren dans le restaurant de l’hôtel Savoy de Malmö (la balle provenait d’un bon vieux revolver 22 long rifle). Avec Meurtre au Savoy, Maj Sjöwhall et Per Wahlöö, les auteurs suédois écrivent le roman d’un crime, celui d’une société qui maltraite et broie ceux qui l’habitent, la sixième aventure de Martin Beck (qui en comptera dix). Chef d’œuvre (la série, pas seulement ce titre-là autrefois publié chez 10/18 sous le titre impeccablement traduit du suédois : 22, vlà les frites !) à lire tout autre livre cessant. Autre balle mortelle, celle qu’avale le flic, frère du journaliste McEvoy dans Le Poète de Michael Connelly, un livre fabuleux à l’incipit prometteur : « La mort, c’est mon truc. » (article à venir bientôt sur BBB, dans une nouvelle rubrique) ou celle qui supprime monsieur d’Essartaut dans Nous avons les mains rouges de Jean Meckert (voir à Amila/Meckert, plus haut).

Alors vous je ne sais pas, mais moi, ma préférence vient à une formule. Quand on retrouve un homme baignant dans son sang ou une femme nageant dans le sien, on dépêche le légiste et on attend de lui qu »il sculpte l’obscurité de sa lumière scientifique. Heure du décès ? Cause du décès ? Arme du crime ? Et là, le couperet tombe : c’est sûrement un objet contondant. C’est rond mais inquiétant, flou mais tranchant, la formule est lapidaire et force l’imagination, ça tient du code et forcément du poncif. Ça vaut la « morsure de vipère » de Gotlib lâché pour donner une explication à toute mort (suspecte) dans Cinémastock. En gros, quand on ne sait pas vraiment, on sort le joker. L’homme du lac d’Arnaldur Indridason n’est pas mort noyé comme on pourrait le croire mais se révèle avoir été tué suite à un choc violent à l’aide d’un… objet, vous savez quoi ? Contondant. Confondant.

L’express (par l’entremise d’Hubert Artus et de Julien Bisson) a demandé un jour (le 13 avril 2015) à huit auteurs de polars leur arme du crime préférée. Ainsi Elizabeth George plébiscite le poison comme dans Une avalanche de conséquences, Deon Meyer encense la chute, Tim Willocks avance les mains : « Étrangler est la meilleure méthode. Rapide. Propre. », Franck Thilliez vote pour le chlorure de potassium, R.J. Ellory opte pour l’antique stiletto (« le baiser de la mort« ), Michel Bussi opte pour la fuite de gaz. La palme de l’originalité est partagée par Harlan Coben qui milite pour la plume (on peut y voir l’image de l’arme de l’écrivain de « ce genre que nous aimons« ) et Cary Férey qui vante… le passé : « … je préfère que le crime ait un sens historique et politique, prétexte à parler du monde, ce qu’il pourrait devenir si on ne tire aucune leçon de notre passé commune – car la Bête immonde bouge encore… »

Deux professionnelles

La légende aimerait instaurer cette belle idée : il est mort de son invention mais ce n’est pas le cas, le Dr Joseph Ignace Guillotin est mort dans son lit. En revanche il n’a jamais accepté qu’on ait donné son nom à la guillotine. De plus, il affirmera n’en être pas l’inventeur, juste l’initiateur, la réalisation ayant été confiée au Dr Louis. C’est, de fait, la raison de son surnom au départ : la louison ou la louisette. S’il fallait en rajouter, « une certaine machine à décapiter [était] déjà utilisée en Allemagne (sous le nom de diele), en Irlande (depuis l’an 1307), en Écosse (où on l’appelait la maiden, la jeune fille) ou en Italie (la mannaïa)… » On le voit, la primauté de son utilisation ou de son invention n’est pas claire… j’en sais quelque chose.

L’Arme du crime, opus cité

Toujours est-il que de Nicolas Jacques Pelletier (25 avril 1792), voleur violent, à Hamida Djandoubi (10 septembre 1977), violeur meurtrier avec actes de tortures et de barbarie, la guillotine en a raccourci des anonymes et des célèbres, surtout sous la révolution (Louis XVI, Danton, Robespierre, Marie Antoinette…) et évidemment des innocents, sous la révolution, mais aussi après (Christian Ranucci ?). Tombée en désuétude depuis 1981, elle a enfanté des imitateurs très en vogue chez les islamistes qui lui préfère le sabre.

La guillotine donnera au tandem Boileau Narcejac l’occasion de s’illustrer de manière originale. Un condamné à mort, Robert Myrtil, lègue son corps à un grand scientifique, Anton Marek, spécialiste de la greffe qui a rejeté le problème du rejet comme si ce n’en était pas un. Chaque « morceau » de son corps est ainsi transplanté sur celui d’un être qui en a besoin. Le rejet physique ne pose plus de problème mais le problème moral lui est énorme. Comment vont réagir les greffés à l’idée de posséder en eux, un bout d’un meurtrier ? Hé bien mal : ils se suicident. Anton Marek essaye de comprendre. Et nous aussi. Fantaisiste et drôle, ce roman, …Et mon tout est un homme., est un petit bijou d’humour noir auquel on adhère que si on accepte l’idée de la greffe intégrale.

Très prisé lors du premier conflit mondial, il a pilonné la terre et meurtri les corps avec professionnalisme. L’obus a labouré les tranchées et sillonné les gueules, écrasé les jambes, éclaté les ventres, mutilé les mains, lacéré les dos… Il continue à notre époque moderne au Yémen, en Éthiopie ou en Ukraine pour ne citer que trois terrains de jeux et essayer d’en oublier des dizaines d’autres. Alors certes le bon vieil obus de la Grosse Bertha a changé de nature, il est roquette manuellement, missile télécommandé, voire tir de drones mais il atteint toujours le même but.

« Moi, mon colon, cell’ que j’préfère, C’est la guerr’ de quatorz’-dix-huit ! » *

Le polar s’est emparé goulument et le plus souvent avec gourmandise de cette triste (ce n’est pas vraiment que les autres soient drôles même si Brassens * la chante) que fut Première Guerre mondiale. Il est vrai qu’elle a tout pour plaire : des sabreurs qui ne veulent pas mourir seuls, la technologie soumise à sa plus pratique et cynique exploitation, des profiteurs et des donneurs d’ordre compromis, l’utilisation de la propagande utilisant le bobard en se contentant de savoir qu’elle ne sera pas crue mais que, pendant ce temps-là, la vérité est censurée, les fusillés pour l’exemple, les femmes sous le joug et les somnambules au pouvoir. On y puise tout ce qu’il y a de plus noir et de plus désespéré chez Sébastien Japrisot avec Un long dimanche de fiançailles, Thierry Bourcy avec Célestin Louise flic et soldat dans la guerre de 14-18 (7 tomes) ou même Jean Amila avec Le Boucher des Hurlus (voir plus haut) et ses « enfants » : Le der des ders de Didier Daeninckx, Tranchecaille de Patrick Pécherot, L’Unijambiste de la cote 284 de Pierre Siniac. Mais aussi La Vigie de Thierry Jonquet, Veuve noire de Michel Quint, La Maison assassinée de Pierre Magnan, Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, évidemment, et toutes les bandes dessinées de Jacques Tardi ou les 10 tomes de 14-18 de Corbeyran et Le Roux. Liste non exhaustive…

… et deux apprenties prometteuses

C’est la dernière-née. Un gros champignon et hop !, la puissance de milliers d’obus et leur nuisance qui s’étale sur des centaines d’années. Que demander de mieux ? L’arme atomique, c’est le must. Jean Meckert ou Patrick Pécherot, encore eux, l’ont compris (opus cités).

Une arme d’avenir, invisible, ne connaissant pas les frontières, pas très chère, hautement dangereuse car, lancée, elle peut autant atteindre l’ami que l’ennemi. Très moderne et active, le virus est l’arme du futur comme dans la dystopie de Deon Meyer, L’Année du lion dans laquelle l’humanité est réduite de 90% suite à une pandémie mortelle. Il faudra alors tout réapprendre pour recommencer. Recommencer encore ? Pour en arriver encore au même point. L’histoire de l’humanité est un cercle usé.

L’arme finit toujours par tirer une larme.

 À SUIVRE… (tous les premiers du mois)

…prochain épisode le 1er avril 2022 (Lettre A, troisième et dernière partie)…

Avec au menu (sous réserve des places disponibles et de l’arrivée de produits frais) :

Arnaud (Georges J.)

Auster (Paul)

Avis déchéance (Mouloud Akkouche)

Aztèques dansants (Donald Westlake)

… et le bonus des notices auxquelles vous avez échAppées (vaine tentative de se couvrir en cas d’oublis…)

François Braud

papier écrit en écoutant, évidemment, Dominique A, Vers les lueurs

je sais, y avait ABBA mais bon…

La contribution au A par Didier Daeninckx

Évidemment, Didier évoque Jean Mekert/Amila

En 1985, attristés par le peu de considération de la faune littéraire pour l’œuvre de Jean Meckert/Amila, les animateurs de l’émission noire de la radio libre Radio Montmartre, appuyés par quelques auteurs dont j’étais, décidèrent de créer un prix pour forcer à entendre une voix singulière criant dans le désert depuis quatre décennies. On lui remit donc le Prix des Visiteurs de l’Ombre, pour l’ensemble de son œuvre. Un prix, le premier à lui être attribué, et qui à ce jour ne compte toujours qu’un seul récipiendaire ! Le geste ne fut pas inutile puisque quelques mois plus tard, les jurés du Prix Mystère de la Critique couronnèrent Au Balcon d’Hiroshima, dernier livre publié de son vivant. DD

Merci Didier. FB

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